L’effet néfaste de l’évaluation normative et de la note chiffrée
L’évaluation normative a pour objet de situer un individu par rapport à d’autres apprenants, grâce à une norme ou à une référence. L’individu peut voir son résultat comparé à celui d’autres, à la moyenne du groupe, à un niveau de performance donné, ou être situé par rapport à un minimum ou un maximum, etc.
L’évaluation normative exploite les observations recueillies en les confrontant à des standards externes à la personne et en les présentant dans un classement.
Différents travaux de recherche ont mis en évidence les effets délétères de cette évaluation normative.
Pareillement, les effets néfastes de l’utilisation de la note isolée (c’est-à-dire sans rétroaction élaborée) ont été démontrés, lorsqu’elle est utilisée en tant qu’évaluation normative (Calone & Lafontaine, 2023).
De nombreux chercheurs (Butler & Nissan, 1986 ; Pulfrey et coll., 2011) ont mis en évidence l’effet délétère de l’évaluation normative sur l’intérêt des élèves à apprendre. Cet effet se manifeste plus particulièrement auprès des élèves les plus faibles.
Toutefois, il peut également se retrouver chez les meilleurs élèves. L’octroi d’une récompense (la note) pour un apprentissage réussi ou sur la base d’un engagement de l’élève est susceptible d’avoir un impact potentiellement négatif sur sa motivation intrinsèque, en accentuant plutôt la dimension extrinsèque.
La note tendrait à amoindrir le plaisir d’apprendre et favoriserait à travers la compétition des stratégies d’apprentissage superficielles. Cela amènerait les élèves à rechercher la performance au détriment de la maitrise. Selon Elliot et Church (1997), la poursuite de buts de performance, évitement ou approche, serait corrélée négativement avec la motivation intrinsèque.
De plus, selon Pulfrey et coll. (2011), annoncer aux élèves, avant une évaluation, que celle-ci va être notée renforcerait les buts de performance-évitement et pas nécessairement les buts de performance — approche, qui sont plus favorables aux apprentissages.
Si des enseignants peuvent penser que les notes motivent leurs élèves, ce n’est donc certainement pas dans la direction escomptée. Elles renforceraient des stratégies d’études superficielles et seraient par ailleurs source d’anxiété (Calone & Lafontaine, 2023).