L’enjeu d’une routine de l’attention en classe
Il y a un enjeu important à développer différentes routines en classe pour gérer et synchroniser l’attention des élèves et les maintenir engagés sur les tâches attendues. Cela permet de gagner du temps et de renforcer les apprentissages.
L’adoption de comportements d’attention positive et d’écoute active par les élèves en classe, par le pilotage de l’enseignant, aux différents moments-clés d’un cours, est essentielle. Elle favorise notre capacité d’enseignant à construire une communauté coopérative dédiée à l’apprentissage en classe, c’est-à-dire à former une réelle culture de l’apprentissage, tout en soutenant le sentiment d’appartenance.
L’appartenance est un facteur de motivation primordial. Lorsqu’un élève ne se sent pas en phase et ne se sent pas à sa place en classe et engagé positivement, il est probable qu’il ressentira de l’anxiété ou de l’ennui. Il sera plus facilement distrait. Il aura tendance à se mettre en retrait et interprétera négativement certaines interactions et rétroactions. De fait, souvent malgré lui, il limitera ses investissements et apprendra moins. C’est une situation que nous ne pouvons laisser perdurer si nous souhaitons un enseignement efficace.
Nous appartenons à une espèce sociale. Comme l’écrit Daniel Coyle (The Culture Code, 2019), notre cerveau ressent le besoin inné d’être continuellement alimenté par des signaux de sécurité. La posture et l’expression qu’adoptent les personnes autour de nous sont importantes. C’est grâce à cette manière répétée d’interagir, que nous pouvons nous sentir en phase avec quelqu’un, avec un groupe et nous sentir y appartenir.
Lorsque cette démarche d’attention est pleinement développée en classe, mise en œuvre, gérée et maintenue par l’enseignant, elle peut mettre les élèves en confiance. Lorsque les élèves interviennent pour répondre à une question de l’enseignant, ils peuvent voir constamment leurs condisciples manifester leur appartenance. Ils se tournent et se font face. Ils sont connectés, réagissent et marquent leur soutien. Ce signal est encourageant lorsque les élèves prennent un risque, car ce risque est reconnu, l’apprentissage étant un défi commun. Prendre la parole pour poser une question ou répondre à une question est toujours une prise de risque. S’exprimer devant un groupe de pairs, c’est pouvoir échouer ou, pire, être jugé négativement. Lorsque les élèves offrent leur attention et témoignent de leur intérêt, ils manifestent leur soutien. Sans doute qu’eux aussi pourraient poser la même question, ou auraient pu se retrouver à devoir répondre à cette question face à la classe.
Lorsque les élèves témoignent positivement de leur attention, ils reconnaissent le défi et la contribution de l’élève concerné avec bienveillance, ils le reconnaissent comme un des leurs également. Ils se soutiennent mutuellement dans la poursuite d’attentes élevées.
La réponse d’un élève à une question peut être fausse. La question qu’il poserait à l’enseignant peut être hors contexte ou révéler une confusion dans sa pensée. Les autres élèves pourraient renvoyer un regard ironique, leur réponse non verbale pourrait être absente. Elle pourrait signaler qu’ils ne se soucient pas de ce que leur camarade de classe vient de répondre. De telles réactions ou leur absence peuvent créer de la réticence à participer activement au cours, à répondre ou à poser des questions.
Dans de tels cas de figure, peu importe la conviction et le discours d’encouragement de l’enseignant pour la participation en classe. Comme l’écrit Peps Mccrea (Motivated Teaching, 2020), dans cette situation, peu d’élèves poseront davantage de questions en classe s’ils sentent qu’ils risquent de subir les moqueries de leurs camarades.
Développer une routine de l’attention bienveillante favorise au contraire l’installation d’une culture de l’apprentissage en classe. En amenant les élèves à être attentif aux contributions des autres élèves, nous les rendons plus conscients de leur propre apprentissage et de cette manière, ils expriment de l’empathie.
Nous les aidons à prendre des habitudes qui les aident à se concentrer. Nous les aidons à mieux exploiter par la suite leur plein potentiel d’autonomie et à se sentir à leur place en classe, soutenus par les autres. Ils acceptent plus facilement de prendre des risques au bénéfice de leurs propres progrès et de celui des autres.
Apprendre aux élèves à exprimer ces signaux non verbaux, c’est leur donner le pouvoir de prendre leur place dans une communauté. Ils s’associent aux autres, tout en échappant à l’isolement et à l’anxiété liée au risque d’être défaillant. Le contact visuel et le langage corporel sont les meilleurs moyens que nous avons pour montrer à quelqu’un qu’il compte en classe et qu’il est bien à sa place. Là est tout le défi du développement de routines de l’attention en classe.