Les caractéristiques des bonnes habitudes et de leur formation
Le développement de compétences en apprentissage autonome pour les élèves dans leur travail à domicile repose sur un enseignement explicite des stratégies correspondantes. Cependant, ces démarches ne peuvent amener à un réel changement si en parallèle des bonnes habitudes ne sont pas prises par les élèves à domicile.
Dès lors, il est utile de comprendre les caractéristiques des bonnes habitudes.
Les habitudes sont des tendances comportementales liées à des contextes spécifiques :
L’heure de la journée
Le lieu
La présence de personnes particulières
Les actions précédentes
L’état d’esprit.
Les habitudes se caractérisent par :
Leur automaticité
L’absence de décision consciente de les exprimer
Leur efficacité mentale
Des sentiments potentiels de sécurité, de confiance et de bien-être qui accompagnent leur expression.
Les habitudes se forment par la répétition d’un comportement dans un contexte stable :
Avec la répétition continue, l’association mentale entre le contexte et la réponse se renforce.
Le comportement passe progressivement :
D’un guidage conscient par des objectifs et des intentions
À un guidage direct par l’environnement.
Dans une étude, Lally et ses collaborateurs (2010) ont suivi la façon dont des comportements de santé simples (par exemple, manger un fruit au déjeuner) se sont transformés en habitudes sur plusieurs semaines. Les participants ont choisi un comportement simple à réaliser dans le même contexte et ont indiqué chaque jour s’ils avaient réalisé le comportement et l’automaticité perçue du comportement. L’automaticité augmentait en fonction de la répétition, suivant une courbe asymptotique, même si le temps nécessaire pour atteindre l’automaticité variait largement de 18 à 254 jours, avec une moyenne de 66 jours.
La quantité de répétition finalement nécessaire pour former une habitude dépend :
De la complexité de l’habitude (Mullan & Novoradovskaya, 2018)
De l’adéquation du contexte de performance (Wood, 2019).
La formation d’une habitude dépend également des récompenses immédiates ou d’un renforcement positif aléatoire. Cependant, une fois qu’une habitude forte est formée, elle devient moins sensible à la récompense qui a pu soutenir son développement.
Dans une étude de Neal et ses collaborateurs (2011), des élèves du secondaire (niveau collège) se sont vu proposer du pop-corn frais ou rassis dans le contexte d’une salle de cinéma ou d’une salle de conférence :
Les élèves qui avaient l’habitude de manger du pop-corn au cinéma ont mangé autant de pop-corn rassis que de pop-corn frais, mais uniquement dans le contexte du cinéma. Et ce, bien qu’ils aient déclaré moins aimer le pop-corn rassis.
Les élèves qui n’avaient pas de fortes habitudes de consommation de pop-corn mangeaient plus de pop-corn frais que de pop-corn rassis, quel que soit le contexte.
Cette étude suggère que les habitudes sont sensibles aux changements de contexte, mais pas aux changements de récompenses ou d’intentions.