Les notions de littératie culturelle de Hirsch et de capital culturel de Bourdieu et Passeron
La notion de capital culturel est issue des travaux des sociologues français Pierre Bourdieu et Jean-Claude Passeron (La reproduction, 1970). Le capital culturel existe aux côtés du capital économique et du capital social.
Le capital culturel représente l’ensemble des ressources culturelles dont dispose un individu. Bourdieu et Passeron le définissent comme « les biens culturels qui sont transmis par les différentes actions pédagogiques familiales ».
Cette notion de capital culturel a été introduite pour rendre compte de l’inégalité des performances scolaires. Elle met l’accent sur l’inégale distribution entre les classes des instruments nécessaires à l’appropriation des biens culturels.
Divers parallélismes peuvent être faits entre l’idée du capital culturel et la position de E. D. Hirsch Jr. (2016) en faveur d’un programme scolaire riche en connaissances.
La notion de capital culturel chez Bourdieu peut être mise en relation avec celle de l’alphabétisation culturelle (ou littératie culturelle) chez E. D. Hirsch Jr (Cultural literacy, 1988). Chez ce dernier, l’alphabétisation culturelle correspond à des connaissances et à des codes culturels qu’il est utile pour tous de connaitre.
La littératie culturelle se réfère à la capacité de comprendre et de prendre part avec aisance à une culture donnée :
Une personne culturellement lettrée dans une culture donnée est capable de parler et comprendre les autres avec aisance.
Une personne culturellement analphabète ne comprend pas les allusions culturellement conditionnées, comme les références à des événements passés, les expressions idiomatiques, les blagues, ou divers noms propres de lieux ou de personnes.
S’intégrer dans une culture impose de posséder toute une série de connaissances. Ces connaissances sont importantes, car elles sont partagées par beaucoup de personnes. Les connaitre soi-même nous permet d’accéder à la société et d’en être reconnus comme membres, d’une manière qui serait impossible sans elles.
Ne pas posséder ces connaissances a comme résultat de se retrouver d’une certaine manière exclu ou marginalisé par le groupe qui en fait un usage courant.
Dans les sociétés humaines, les individus qui appartiennent au groupe le mieux informé ont statistiquement plus de pouvoir et d’influence. Ceux qui sont exclus de ce groupe se retrouvent avec une plus grande probabilité de se retrouver en marge de la société.
Si les enfants des groupes les mieux informés sont les seuls à avoir accès à ce réservoir profond de culture accumulée, ils perpétueront inévitablement les divisions et les inégalités au sein de la société.
Si les enfants des groupes plus en marge apprennent les mêmes contenus culturels, il leur est statistiquement plus aisé d’avoir accès à des opportunités précédemment inaccessibles à leurs parents.
Pour autant, s’assurer d’une alphabétisation culturelle ne signifie pas faire des élèves de bons petits citoyens. Au contraire, au plus les élèves en savent sur leur héritage culturel, au mieux ils peuvent également le remettre en question, développer un esprit critique et réagir à ce qui se passe ou s’est passé auparavant.