Liens entre affect et rétroaction
Impact de l'affect sur l'interprétation de la rétroaction
Un affect est un état de l'esprit tel qu'une sensation, une émotion, un sentiment, une humeur (déprime, optimisme, anxiété…) que ressent une personne. Tout état de ce type influence ou agit sur la motivation. Ces états sont regroupés dans le domaine de l'affectivité. Un affect se manifeste soit comme un changement d'état parfois fort mais temporaire, soit au contraire comme un état stable mais de longue durée.Dans bien des cas, les processus affectifs contribuent de façon positive à l'adaptation de l'individu à son milieu et font partie intégrante de sa cognition.
Les élèves peuvent présenter souvent des réactions défensives face à la rétroaction. C’est souvent le cas lorsque les commentaires sont critiques ou que leurs notes sont faibles (Robinson, Pope et Holyoak 2013).
Dans ces circonstances, la rétroaction provoque souvent des réactions affectives négatives et est interprétée comme une menace pour l’identité de l'élève.
À partir de là, la manière dont les élèves gèrent leur propre équilibre émotionnel aura un impact sur la nature de leur engagement face à des commentaires critiques qu'ils reçoivent (To 2016).
Les réponses affectives des élèves à la rétroaction reçue sont médiatisées par leurs relations avec l'enseignant et les autres participants, car ils construisent des significations ensemble (Esterhazy et Damsa 2017).
L’un des objectifs de la rétroaction est d'inciter les élèves à adopter de nouvelles perspectives. Cependant, il arrive souvent que les élèves ne relèvent pas ce défi (Forsythe et Johnson 2017).
Impact des facteurs liés à l'affect sur la prise en compte de la rétroaction
Une rétroaction critique peut avoir des effets positifs ou négatifs en fonction d’une série de facteurs (Pitt et Norton 2017) :
L’auto-efficacité de l’élève
Sa motivation
Sa capacité à gérer ses émotions de manière constructive.
Le ton avec lequel la rétroaction est partagée est l’un des aspects les plus critiques pour soutenir la réaction des élèves (Lipnevich, Berg et Smith 2016) :
Lorsque les enseignants signifient par l’écrit et par la parole qu’ils se soucient de leurs apprenants, l’engagement des élèves vis-à-vis du retour d’information s’en trouve renforcé (Sutton 2012).
Lorsqu’une atmosphère de confiance est établie, les apprenants sont plus susceptibles de développer la confiance et la foi nécessaires pour révéler ce qu’ils ne comprennent pas entièrement (Carless 2013).
Les dispositions des élèves à s’engager dans le traitement de la rétroaction ne sont souvent pas optimales. Les élèves semblent reconnaître que la rétroaction peut faciliter les progrès, mais sous-estiment leur propre responsabilité dans l’actualisation de cette amélioration (Winstone et al. 2017).
Les élèves plus investis et consciencieux sont souvent proactifs dans la recherche de rétroaction :
Ils s’efforcent de comprendre ce que les enseignants attendent de leur part dans les productions. Ils manifestent des comportements de conscience ou de recherche d’indices pour s'orienter (Miller et Parlett 1974 ; Yang et Carless 2013).
Le bilan de la recherche montre d’importantes disparités entre élèves ou étudiants dans l’effet de l’affect, souvent négatives alors qu’elles devraient être cruciales.