Liens entre le modèle de la mémoire de travail de Baddeley (1986) et la théorie cognitive de l’apprentissage multimédia
Le modèle de la mémoire de travail de Baddeley (1986)
Le modèle de la mémoire de travail introduit par Baddeley (1986) complexifie celui d’Atkinson et Schiffrin (1968).
La mémoire de travail comprend :
Un administrateur central qui traite activement les informations, avec deux systèmes de traitement esclaves.
Les systèmes sont le calepin visuospatial (pour les informations visuelles) et la boucle phonologique (pour les informations verbales). Ils ne peuvent que stocker temporairement de l’information et l’envoyer vers l’administrateur central.
Ce modèle a permis de produire des hypothèses extrêmement fructueuses dans le domaine des apprentissages multimédias, c’est-à-dire toutes ces situations dans lesquelles les élèves entendent ou lisent des mots et regardent des images.
Théorie cognitive de l’apprentissage multimédia
L’entrée du modèle en composantes multiples de Baddeley (1986) représente un apport théorique considérable :
La mémoire de travail n’est plus seulement un registre de stockage passif imposant un goulet d’étranglement à la quantité d’informations pouvant être apprises simultanément.
La mémoire de travail acquiert le statut d’espace de traitement des informations. Le modèle de Baddeley a permis d’expliquer les résultats de recherches selon lesquels utiliser plusieurs modalités pourrait donner de meilleures performances d’apprentissage par rapport au fait d’en utiliser qu’une seule.
Les informations sont ici considérées sous la forme de chunks (Miller, 1956) stockés et manipulés dans chacun des deux modules esclaves :
La boucle phonologique
Le calepin visuospatial
Le rôle de l’administrateur central est de répartir l’attention entre les deux modules pour élaborer une représentation incluant des informations de chacun des deux :
Lorsque ces informations sont congruentes, comme dans le cas d’une présentation d’un schéma commenté à l’oral, elles peuvent être intégrées dans une même représentation.
À l’inverse, si l’administrateur central doit les traiter isolément l’apprentissage sera moins bon qu’en en traitant une seulement.
En lien direct avec le modèle de Baddeley, la théorie cognitive de l’apprentissage multimédia (Mayer, 2021) est fondée sur trois grandes hypothèses :
Deux canaux de traitement :
Les humains disposent de deux canaux pour traiter séparément le matériel visuel (images fixes ou animées, mots écrits) et audio (discours oraux, sons).
L’élève sélectionnera les mots pertinents à traiter avec la boucle phonologique et les images pertinentes à traiter avec le calepin visuospatial.
Une capacité limitée :
Il y a une limite à la quantité d’informations que les humains peuvent traiter simultanément.
Cette seconde hypothèse prend sa source dans l’article de Miller (1956) et correspond explicitement au fonctionnement et aux contraintes de l’administrateur central du modèle de Baddeley.
Le traitement actif :
Les humains sont capables de sélectionner les informations qu’ils traitent dans leur environnement (c’est le rôle de l’attention).
Les humains sont capables d’organiser ces informations de façon signifiante pour eux. C’est le chunking qui peut correspondre à des activités comme la comparaison, la généralisation, l’énumération, la classification, le calcul.
Les humains peuvent intégrer ces informations à leurs connaissances préalables en mémoire à long terme.
Plusieurs milliers de travaux empiriques publiés dans le cadre de cette théorie ont mis à jour des principes qui sont souvent en communs avec ceux de la théorie de la charge cognitive.