Liens entre motivation et réussite scolaire
La motivation scolaire peut être définie comme l’ensemble des processus psychologiques qui déclenchent, orientent, maintiennent et régulent les comportements d’apprentissage chez les élèves.
Elle est intéressante d’un point de vue scolaire, car elle détermine pourquoi les élèves s’engagent dans des activités d’apprentissage, et permet de comprendre l’intensité de leur engagement et leur persévérance face aux difficultés.
Les liens entre la motivation et la réussite scolaire sont bidirectionnels et dynamiques. La motivation n’est pas un simple préalable à l’apprentissage. Elle est également influencée par les expériences d’apprentissage et les résultats obtenus. La motivation influence la réussite scolaire et la réussite scolaire influence la motivation.
Des théories générales sur le lien entre réussite et motivation
La théorie de l’autodétermination (Deci & Ryan [1985]) :
Les individus ont trois besoins psychologiques fondamentaux : l’autonomie (se sentir maître de ses actions), la compétence (se sentir efficace dans ce qu’on fait) et l’affiliation sociale (se sentir connecté aux autres).
La satisfaction de ces besoins favorise une motivation autonome, elle conduit à une meilleure performance scolaire, à la persistance dans l’engagement et au bien-être.
La théorie des attentes et de la valeur (Eccles et coll. [1983]) :
Le choix de s’engager dans une tâche et la performance qui en résulte sont prédits par deux facteurs principaux
Les attentes de succès :
C’est la perception d’un individu quant à sa capacité à réussir la tâche.
La valeur de la tâche :
Elle représente l’importance ou l’intérêt perçu de la tâche pour la personne.
Une forte motivation résulte de la combinaison d’attentes élevées, de succès et d’une valeur perçue élevée pour la tâche.
La théorie des buts d’accomplissement (Dweck (1986), Ames (1992)) :
Il existe e différents types de buts que les élèves poursuivent :
Les buts de maîtrise :
L’objectif est de développer ses compétences, de progresser et de comprendre en profondeur.
Les buts d’approche de la maîtrise sont associés à la persévérance, l’utilisation de stratégies efficaces et une meilleure performance à long terme.
Les buts de performance :
L’objectif est de démontrer sa compétence par rapport aux autres (approche de la performance) ou d’éviter de paraître incompétent (évitement de la performance).
Les buts d’approche de la performance peuvent être bénéfiques pour des performances à court terme, mais sont plus fragiles face aux échecs et moins propices à l’apprentissage profond.
La théorie de l’auto-efficacité (Bandura (1986)) :
L’auto-efficacité est la croyance d’un individu en sa capacité à organiser et exécuter les actions nécessaires pour atteindre un résultat donné.
Des niveaux élevés d’auto-efficacité sont associés à une plus grande persévérance, un effort accru, une meilleure gestion du stress et, par conséquent, une meilleure réussite scolaire.
Les sources d’auto-efficacité incluent les expériences de maîtrise passées, l’apprentissage vicariant (observation des pairs), la persuasion verbale et les états physiologiques et émotionnels.
La théorie des attributions causales (Weiner (1985)) :
Elle se concentre sur les explications que les individus donnent à leurs succès et échecs. Ces attributions sont classées selon trois dimensions :
Le lieu ou locus de causalité :
Il est interne (capacité, effort) ou externe (chance, difficulté de la tâche).
La stabilité :
Le résultat est considéré comme stable (capacité, difficulté) ou modifiable (effort, chance).
La contrôlabilité :
Le résultat peut être vu comme contrôlable (effort) ou incontrôlable (chance, maladie).
Attribuer les succès à des facteurs internes, stables et contrôlables (ex. : effort, compétences développées) et les échecs à des facteurs internes, instables et contrôlables (ex. : manque d’effort) favorise la motivation et la persévérance.
Attribuer les échecs à un manque de capacité (interne, stable, incontrôlable) peut mener à un sentiment d’impuissance apprise.
Les dimensions du lien entre réussite et motivation
La motivation influence la réussite scolaire dans différentes dimensions :
L’engagement :
Participation active et prolongée dans les activités d’apprentissage.
La persévérance :
Relever les défis scolaires sur la longueur et ne pas abandonner face aux difficultés rencontrées.
Les stratégies d’apprentissage :
Privilégier des stratégies d’apprentissage plus profondes et plus efficaces (par exemple, élaboration ou pratique de récupération) plutôt que des stratégies superficielles (relecture ou soulignement).
L’effort :
Sa qualité (prolongé et soutenu) ainsi que la résistance à la distraction.
La régulation des émotions :
Des émotions positives (satisfaction, curiosité) facilitent l’apprentissage, tandis que des émotions négatives comme l’anxiété sont défavorables.
L’intérêt :
Au plus l’intérêt est personnel plutôt que situationnel, au mieux est la motivation.
Le sens du lien entre réussite et motivation
Si la relation entre motivation et réussite scolaire apparait bidirectionnelle, on peut se demander si les deux directions sont d’une force équivalente :
Un élève motivé réussira mieux qu’un élève démotivé à capacités égales.
Un élève qui réussit sera plus motivé qu’un élève qui échoue à capacités égales.
Comme Carl Hendrick (2017) l’a formulé, la motivation ne mène pas toujours à la réussite, mais la réussite par contre mène souvent à la motivation.
Dès lors, au lieu d’investir du temps dans le développement général de la motivation des élèves, les efforts des enseignants devraient être au contraire pleinement investis pour s’assurer que leurs élèves progressent sur le plan scolaire. En améliorant les apprentissages des élèves, nous pouvons plus sûrement accroître leur motivation à réussir et à progresser.
Favoriser l’autonomie des élèves
Selon Wiliam et Leahy (2015), dans le domaine de l’éducation, on part généralement du principe que la motivation intrinsèque est meilleure que la motivation extrinsèque :
La motivation extrinsèque est régulièrement assimilée à des punitions, des félicitations et des récompenses.
La motivation intrinsèque est présentée comme le nec plus ultra, l’élève s’investit naturellement.
La réalité est plus complexe. La motivation intrinsèque et la motivation extrinsèque ont toutes deux un rôle clair et important à jouer pour aider les élèves à devenir responsables et acteurs de leur propre apprentissage.
D’ailleurs, à la distinction entre motivation intrinsèque et motivation extrinsèque vient se substituer une distinction plus adaptée entre motivation autonome et contrôlée.
L’importance de l’apprentissage et de son contexte pour la motivation
Nous devons mettre l’accent sur l’efficacité de l’enseignement et la qualité de l’apprentissage qui en résulte pour développer la motivation. Ce faisant, nous aidons les élèves à s’approprier leur propre apprentissage et à développer leurs compétences d’autorégulation.
Cela passe par un enseignement explicite, avec des objectifs clairs et réalisables et un alignement curriculaire.
De même, l’enseignant délivre une rétroaction constructive centrée sur le processus et l’effort, et non seulement sur le résultat. Nous mettons l’accent sur le progrès personnel et l’apprentissage plutôt que sur la comparaison sociale des performances. Nous soutenons l’adoption de buts de maîtrise.
La conception pédagogique et un processus d’enseignement adaptatif permettent de confronter les élèves au bon niveau de défi :
Si les tâches et le travail fixés s’avèrent trop faciles ou trop difficiles, cela peut avoir un impact négatif sur les niveaux d’engagement, d’enthousiasme et de motivation des élèves.
Lorsque le niveau de défi est souhaitable et que la réussite est difficile, mais possible, cela peut motiver les apprenants à progresser, car cela nourrit en retour leur satisfaction.
Une autre dimension concerne l’appartenance sociale. Nous pouvons encourager la collaboration et créer un climat de classe positif et inclusif. De même, nous démontrons la pertinence et l’utilité des apprentissages auprès des élèves.
Nous renforçons l’auto-efficacité, en soulignant les progrès des élèves. Nous leur fournissons des modèles de réussite et nous leur enseignons des stratégies pour surmonter les obstacles. Nous aidons les élèves à attribuer leurs succès à l’effort et aux stratégies mobilisées, et leurs échecs à des facteurs modifiables.