L’importance de la discrimination pour l’apprentissage
La discrimination des connaissances
La discrimination est la reconnaissance et la compréhension de la différence entre une chose et une autre. Lorsque les élèves apprennent à distinguer des concepts semblables, ils tendent dans un premier temps à les confondre régulièrement les uns avec les autres.
Par exemple :
En biologie, nous pouvons demander aux élèves de faire la distinction entre les processus génétiques de la transcription, de la transduction, de la transformation, de la translocation ou de la traduction. Ces cinq termes ont une orthographe qui présente certains traits semblables dans leur sonorité, cependant, ils sont dissemblables dans leur sens. De nombreux autres exemples de cas similaires existent en biologie.
En mathématiques, nous demandons aux élèves de pouvoir distinguer entre :
Une expression analytique d’une droite, d’un cercle, d’une hyperbole ou d’une parabole, entre autres.
Une équation du second degré, une équation du premier degré, une inéquation, etc.
Les différentes opérations basiques (addition, soustraction, division, multiplication, puissance) et à déterminer les ordres de priorité entre elles.
Le milieu, la distance, la pente ou le vecteur entre deux points.
Les différentes techniques de primitivation (dans le calcul intégral) à privilégier face à un énoncé donné.
Etc.
En chimie par exemple, nous demandons à nos élèves d’être capables de distinguer une réaction acide-base d’une réaction d’oxydoréduction ou d’une réaction de précipitation ou dissolution.
Dans un cours de langues, les élèves doivent apprendre l’usage des différents temps et pouvoir déterminer quand il est opportun d’utiliser l’un ou l’autre.
Dans un cours de physique, les élèves doivent être capables de distinguer entre les différents types de mouvements (mouvement rectiligne uniforme, mouvement rectiligne uniformément accéléré, chute libre, mouvement circulaire uniforme, mouvement périodique, etc.).
Un degré plus élevé de similitude dans les détails de surface liés à une famille de tâches va rendre plus difficiles la discrimination et le choix de la bonne stratégie.
Par exemple :
Les élèves peuvent confondre le sens d’un mot avec un autre mot dont l’orthographe est semblable.
Ils peuvent choisir la mauvaise stratégie pour un problème en mathématiques ou en sciences parce qu’il ressemble pour une bonne part de son énoncé à un autre type de problème.
Dans un texte écrit, les élèves peuvent utiliser un temps inadéquat, car ils n’ont pas été sensibles à certains indices contextuels.
L’absence de distinction ou de discrimination entre deux concepts est appelée erreur de discrimination. Apprendre à faire ces distinctions est un apprentissage de la discrimination.
Si nous nous demandons quelle est l’importance et quels sont les besoins d’opérer de telles discriminations subtiles dans un domaine donné, la réponse s’impose rapidement. La capacité à discriminer entre concepts et procédures de traitements voisins est nécessaire et indispensable dans la grande majorité des disciplines. Ne pas en développer la capacité mène à des erreurs sérieuses et récurrentes.
Les cours de sciences, et particulièrement ceux de biologie sont féconds en discriminations subtiles. Plusieurs termes ont souvent des orthographes et des significations proches dans leurs cibles, mais différentes dans leurs finalités. Les exemples sont légion. Nous pouvons citer mitose et méiose, brassage intrachromosomique et interchromosomique, chromatine, chromatides et chromosomes, exocytose, endocytose, phagocytose et pinocytose, afférent et efférent, anion et cation, glycogène, glycogenèse, glycogénolyse ou néoglucogenèse, etc.
De même, l’apprentissage discriminatoire joue un rôle central dans la maîtrise des mathématiques. La compétence en mathématiques ne se mesure pas à la capacité d’appliquer des stratégies, mais surtout de les appliquer au bon moment de façon pertinente avec flexibilité.
C’est là tout l’enjeu de la résolution de problèmes. Elle exige que les élèves apprennent à faire la distinction entre des problèmes superficiellement semblables, mais qui nécessitent des stratégies différentes.
Par exemple :
Les élèves apprennent à multiplier les fractions (1/2 x 1/3) en multipliant les numérateurs et dénominateurs. La procédure à appliquer est par contre toute autre lors d’une addition de fractions comme (1/2 + 1/3).
Lors de la résolution d’une équation, un élève doit repérer s’il s’agit du premier ou du second degré, car la stratégie qu’il va appliquer va déterminer la justesse de sa réponse.
Prenons le cas de la résolution d’un problème incluant la modélisation d’une équation du second degré. Il est loin d’être évident de prime abord pour un élève qui n’a pas encore d’expertise de déterminer si la réponse sera l’optimum de cette fonction ou ses racines.
Apprendre à identifier la procédure appropriée
L’identification du bon concept ou du bon traitement sont indispensables pour pouvoir appliquer la procédure ou stratégie appropriée à un problème donné. Ces démarches nécessitent et exigent des élèves qu’ils identifient la catégorie et les éléments de structure de la tâche qui permettent une identification pertinente.
L’objectif est que l’élève apprenne toute la matière et surtout en saisisse le sens et les conditions d’application. Cela suppose donc qu’il développe sa capacité à déterminer quand une compétence s’applique. La capacité de discrimination est un prérequis à un transfert proche de connaissances et compétences.