L’importance de la reconstruction des connaissances lors de leur récupération en mémoire
Il existe de nombreuses preuves que nous n’enregistrons pas et ne stockons pas de copies exactes d’événements et de connaissances passées. Nous n’avons pas cette capacité que possèdent les outils numériques. Au contraire, à chaque instant, nous utilisons les indices de récupération dont nous disposons à un moment donné dans notre environnement pour reconstruire nos connaissances pourtant stockées en mémoire à long terme.
Notre système cognitif, qui gère notre apprentissage et le contenu de notre mémoire n’a pas évolué pour enregistrer et stocker des copies exactes, même sommaires, de connaissances pourtant apprises et d’événements vécus dans le passé.
D’un point de vue biologique, la raison en est à la fois simple et triviale. Dans le monde réel, le passé ne se répète jamais. Chaque situation et chaque contexte de récupération sont par définition nouveaux et possèdent des spécificités particulières. D’un point de vue évolutif, l’écriture et tous les supports graphiques, audiovisuels ou numériques sont trop récents pour avoir interféré avec la sélection naturelle.
Un système qui stocke des copies exactes du passé ne nous serait pas d’un grand secours pour nous adapter à un environnement naturel tout le temps changeant, complexe et dynamique.
Dès lors, il importe de ne pas se fonder sur la métaphore qui consiste à assimiler la mémoire à un entrepôt. Cela nous amène à accorder une trop grande importance à l’encodage et au stockage des connaissances en mémoire à long terme.
Voir la mémoire à long terme comme un entrepôt ou véhiculer cette image auprès de nos élèves nous amène à mésestimer l’importance des processus de récupération et sa fonction primordiale pour un apprentissage qui se reconstruit sans cesse.
La métaphore de la mémoire comme entrepôt n’a pas grand-chose à nous dire sur la façon dont les connaissances sont reconstruites et appliquées lorsqu’elles sont nécessaires dans un contexte de récupération particulier.
Cette conception serait même plutôt problématique, car elle pourrait conduire probablement les élèves à adopter des stratégies d’apprentissage inefficaces. Si ce qui importe est de garder les connaissances en mémoire, les élèves peuvent adopter des stratégies telles que la lecture répétée. Ils peuvent penser qu’en augmentant l’exposition pure et simple à l’information, ils obtiendront une impression plus profonde. C’est comme s’il s’agissait d’une gravure répétée sur une tablette de cire mentale ou le fait de passer et repasser sur un sentier.
Or ce qui permet d’apprendre, c’est le processus de récupération qui reconstruit nos connaissances en fonction du contexte, les modifie, les enrichit, les adapte et les consolide au fur et à mesure. Récupérer une connaissance en modifie sa trace en mémoire à long terme.