L’importance d’évaluations intermédiaires régulières
Imaginons une situation pour un cours où la réussite d’un élève est uniquement dépendante d’une épreuve finale qui intervient à la fin de la période d’enseignement. Cette évaluation sommative ponctuelle est à portée certificative. Elle a pour but de mesurer et de valider un apprentissage déterminé.
Parallèlement, l’apprentissage des élèves s’il se veut durable doit être un processus progressif et distribué sur la même période d’enseignement.
La plupart des élèves vont répartir plus ou moins leur apprentissage au fil du temps en fonction des pratiques d’enseignement adoptées en classe.
Pour la dimension de l’apprentissage autonome, les élèves peuvent se placer sur un continuum :
À un extrême, nous avons un élève qui est régulier et distribue ses apprentissages de manière espacée selon les principes d’une pratique de récupération distribuée. Dans ce cadre, l’apprentissage constitué est durable.
À l’autre extrême, nous avons un élève qui va se lancer dans un bachotage dans la dernière ligne droite avant l’épreuve finale. Dans ce cadre, son apprentissage va tenir essentiellement de la performance et sera pour une part importante soumis à un oubli rapide.
La recherche montre que si idéalement les élèves souhaiteraient privilégier la première option, ils tendent souvent plus qu’ils ne le désirent vers la seconde.
Cette première option consiste à mettre en œuvre des stratégies assimilées à des difficultés désirables, qui demandent plus d’efforts et ne fournissent qu’un rendement à moyen et long terme, pas à court terme. Leur mobilisation semble contre-intuitive et nécessite souvent un soutien des élèves. De plus, elle suppose de bonnes compétences en planification et en gestion du temps.
La seconde option est rentable à court terme et bénéficie de l’effet de stress, sans demander de compétences en planification et en gestion du temps. N’importe quel élève peut l’adopter.
La difficulté avec un système à évaluation finale unique, c’est que les élèves qui distribuent leurs apprentissages risquent de ne pas se démarquer en matière de réussite de ceux qui privilégient un bachotage dans la dernière ligne droite.
Une régularité et une distribution de l’apprentissage et de sa révision, sur une période large de temps, peuvent ne pas être plus avantageuses à court terme pour les élèves qu’un bachotage juste avant une épreuve sommative unique.
Or ce que l’enseignant souhaite c’est de soutenir le développement d’apprentissage durable plutôt qu’une performance dans la dernière ligne droite qui sera sujette à un oubli rapide.
Une manière de contourner la difficulté est que l’épreuve finale s’axe sur la réflexion et la capacité à faire des liens plutôt que sur la restitution de connaissances et l’application de procédures standards. De cette manière, l’élève régulier serait privilégié. Le problème c’est que l’élève qui opte pour le bachotage risque de réaliser son erreur trop tard.
Une évaluation certificative unique en fin de parcours risque d’inciter nombre d’élèves à opter pour un apprentissage superficiel et à en payer les conséquences.
La meilleure manière de contourner ce processus est d’intégrer des évaluations intermédiaires et régulières pour soutenir les élèves dans le développement d’habitudes d’étude distribuée.
Il y a plusieurs manières d’y arriver :
Développer des opportunités de pratique de récupération au sein des cours, par exemple par des quiz, et proposer des devoirs régulièrement qui revisitent l’ensemble de la matière vue.
Organiser des évaluations formatives formelles ou informelles régulières, avec des auto-évaluations
Adopter un système d’évaluations sommatives intégrant l’approche de la note constructive
Utiliser des modes de rétroaction avant tout à l’échelle de la classe et également individuels pour des éléments en s’assurant qu’ils sont effectivement pris en compte par les élèves.
Former les élèves à un apprentissage autonome qui leur permet de développer de bonnes habitudes de travail.
Ces différentes pistes permettent d’orienter l’élève vers un travail régulier et lui en faire ressentir et expérimenter les bienfaits et les bénéfices.