L’intégration de l’évaluation formative à un enseignement explicite
Allal (2007) a distingué trois types de régulations associées à cette perspective élargie de l’évaluation formative :
La régulation proactive :
Elle est une réponse à la fonction diagnostique de l’évaluation.
Elle permet de guider la mise en place de nouvelles situations d’enseignement et d’apprentissage en différenciant les activités en fonction des besoins diagnostiqués chez les apprenants.
Elle répond à une logique de remédiation, de consolidation ou de dépassement.
Elle permet de planifier et de concevoir l’enseignement de manière à répondre à la situation actuelle des élèves.
La régulation interactive :
Elle résulte des interactions de l’élève avec l’enseignant, avec ses pairs, avec le matériel didactique pendant le déroulement de la situation d’enseignement ou d’apprentissage.
Elle contribue ainsi à l’élaboration des compétences et des connaissances en cours de construction.
Elle correspond aux pratiques de dialogue formatif et de vérification de la compréhension ayant lieu en classe.
L’enseignant peut directement repérer les démarches et les difficultés des élèves. Dès lors, il tente d’y faire face dès qu’elles apparaissent. Il invite les élèves à vérifier leur démarche. Il leur propose des indices, leur donne une explication complémentaire ou les questionne.
La régulation rétroactive :
Elle consiste à remédier aux erreurs et aux lacunes ciblées lors d’une évaluation formative globale qui a été proposée à la fin d’une unité de formation.
Elle correspond à l’idée de remédiation dans la perspective classique de l’évaluation formative selon Bloom.
Elle permet de mettre en évidence de failles dans le dispositif d’enseignement mobilisé.
À ce niveau, les démarches liées à l’évaluation formative et à la rétroaction formative prennent la forme d’une multiplicité de microstratégies. Celles-ci gagnent à venir s’insérer dans une macrostratégie comme l’enseignement explicite qui sert de fil conducteur en classe pour piloter l’enseignement et l’apprentissage.
Dans le cadre d’un enseignement explicite :
La régulation proactive est pensée dès la planification de l’enseignement. Une évaluation diagnostique permet de savoir là où en sont les élèves pour concevoir un enseignement qui réponde à leurs besoins.
La régulation interactive démarre dès le modelage pour se poursuivre lors de la pratique guidée à l’échelle de la classe. Le déroulement de l’enseignement explicite se passe parallèlement à un transfert progressif de la responsabilité des apprentissages vers les élèves. C’est le « I do, we do, you do » qui peut impliquer des moments d’apprentissage coopératif. L’enseignant pilote se transfert grâce aux stratégies de vérification de la compréhension.
La régulation rétroactive nécessite un accompagnement sous forme d’une évaluation formative plus formelle accompagnée d’une rétroaction préférentiellement vers la classe entière ou individuelle si nécessaire. Cette dimension rétroactive concerne également tous les dispositifs de consolidation en enseignement explicite : quiz, devoirs et pratique de récupération distribuée.
Dans la version classique, l’évaluation formative est intrinsèquement dans les mains de l’enseignant :
Il construit l’évaluation formative
Il l’administre à ses élèves
Il corrige et analyse les résultats
Il fournit une rétroaction ou propose des activités de remédiation adaptées.
La version élargie de l’évaluation formative va impliquer et responsabiliser davantage l’élève et ses pairs dans le processus évaluatif et s’intègre parfaitement dans un dispositif d’enseignement explicite qu’elle enrichit en retour.