L’intérêt des évaluations standardisées et leurs potentielles dérives
La présence d’évaluations standardisées à enjeux élevés dans le cursus des élèves est l’objet de controverses et de débats. Pour leurs dimensions positives, ils sont de formidables outils d’uniformisation, d’émulation et d’analyse en retour des résultats.
Ces éléments peuvent contribuer à tirer un système éducatif vers le haut et guider d’une certaine manière le pilotage de son amélioration. Chaque école peut être comparée aux résultats d’autres écoles qui appartiennent à sa même catégorie en fonction des caractéristiques de sa population, ce qui offre un facteur de comparaison.
Comme l’a mis en évidence Nuno Crato (2021), un constat global favorable et bénéfique peut être fait sur les apports de ces évaluations standardisées. De nombreuses études menées dans le monde entier nous montrent que la présence d’évaluations standardisées à enjeux élevés améliore les performances des élèves. Il est important de noter que ce ne sont pas seulement les compétences testées qui sont améliorées. La présence d’évaluations à enjeux élevés améliore les performances du système éducatif en général.
Au-delà de cet avantage global, certains aspects négatifs se manifestent face à des aspects positifs pourtant indéniables. Les évaluations standardisées sont soumises à des contraintes qui font qu’elles n’évaluent jamais tous les éléments importants d’un programme d’étude.
Une manière de le comprendre est que de nombreuses matières (les langues, mais pas seulement) vont à des degrés divers exploiter quatre dimensions de compétence :
La compréhension à la lecture
L’expression écrite
La compréhension orale
L’expression orale
Régulièrement lors des évaluations standardisées, les dimensions de la compréhension à la lecture et de l’expression écrite sont survalorisées face aux deux autres qui sont parfois absentes. En effet, leur évaluation est plus simple à organiser. Des phénomènes analogues se produisent dans différentes matières.
Inévitablement, la pression sociale en faveur de la réussite va faire que pour améliorer les résultats, l’enseignant va privilégier ces dimensions surreprésentées dans l’évaluation. L’amélioration des résultats d’élèves dans le cadre d’évaluations standardisées à enjeux élevés se marque donc plus spécifiquement sur les dimensions testées. Toutefois, dans l’ensemble, la démarche reste bénéficiaire et plus équitable.
Pour répondre au biais des compétences réellement évaluées par rapport à toutes celles du programme, les élèves et les enseignants vont tendre à se concentrer sur les éléments qui auront la plus forte probabilité d’être testés. Ils vont pour une part négliger ceux qui ont la plus faible probabilité de l’être. C’est le fait d’enseigner pour le test ou d’apprendre pour le test.
Les conséquences sont que certaines connaissances et compétences qui sont préalables à la réussite des cours concernés dans les années suivantes risquent de ne pas être suffisamment travaillées et apprises.