L'interprétation de la psychologie évolutionniste sur la gestion de classe
La psychologie évolutionniste distingue les connaissances primaires que nous apprenons par nous-mêmes et sans effort et avec une motivation naturelle au contact d’autres êtres humains et qui ont été inscrites dans notre ADN par la sélection naturelle.
Elle distingue également les connaissances secondaires issues de la culture humaine, relativement récentes, qui nécessitent un enseignement et une motivation construite et n’ont pas été inscrites dans notre ADN par la sélection naturelle.
Nous ne pouvons pas nous attendre à une motivation universelle pour l’enseignement de telles connaissances secondaires qui sont le sujet même des écoles. Bien sûr, certaines personnes aimeront apprendre de nouvelles choses. Cependant, c’est surtout une fois qu’elles auront maîtrisé efficacement les bases et grâce à des occasions de réussite face à des défis que la motivation se renforcera.
L’intérêt et la curiosité se construisent dans différents domaines. Cependant, l’objectif est l’éducation universelle. Elle n’est pas seulement l’éducation des curieux et des personnes capables cognitivement ou dans des domaines restreints.
Pour la plupart des élèves, l’objectif d’acquérir des compétences secondaires à l’école sera mis en concurrence avec d’autres tentations souvent plus intéressantes. Ils vont avoir une motivation plus forte à s’engager dans des activités qui renforcent leurs capacités primaires, comme le jeu ou d’autres activités sociales.
L’intérêt naturel des élèves pour la nouveauté et leur motivation à apprendre leur culture les amèneront à s’y initier assez facilement au départ d’une curiosité initiale. Cependant, nous ne pouvons pas faire le pari qu’ils maintiendront naturellement par eux-mêmes leurs apprentissages scolaires à long terme. Il n’y a pas de continuité harmonieuse entre les domaines primaires, comme le langage, et les domaines secondaires, comme la lecture.
Pour les domaines et activités primaires, il existe des biais de motivation correspondants qui garantissent que les enfants s’engagent dans les activités nécessaires.
Nous ne pouvons dès lors pas supposer :
Les élèves seraient intrinsèquement motivés à apprendre dans des domaines secondaires
Les élèves apprendraient aussi facilement dans les domaines de connaissances secondaires que dans les domaines primaires.
Si nous pensons cela, nous risquons de sous-estimer l’importance de la concentration et de l’effort pour l’apprentissage de connaissances secondaire. La nécessité de la concentration et de l’effort découle directement des mécanismes de la mémoire de travail, du contrôle attentionnel et des capacités d’inhibition.
Pour apprendre des connaissances secondaires à l’école, les élèves devront apprendre à inhiber certaines de leurs tendances naturelles, ce qui est difficile.
Comme les élèves préfèrent naturellement bavarder entre eux (c’est un biais motivationnel associé aux connaissances primaires), il nous faut un cadre de gestion de classe pour leur apprendre par exemple à :
S’astreindre en silence pour résoudre des exercices en mathématiques
Ignorer les tentations de distraction liées à leurs voisins.
Cette nécessité est d’autant plus élevée que le domaine secondaire, par exemple les mathématiques, demande un travail individuel éloigné des domaines primaires.
L’objectif étant de développer des connaissances secondaires à l’école, pour l’enseignant, à la gestion des apprentissages, vient s’ajouter nécessairement la gestion des comportements.