L’usage de pauses tactiques pour recentrer l’attention des élèves
Un enseignant qui fixe son regard en silence attire et centre aussi l’attention des élèves vers lui. Lorsqu’il parle, quelques secondes plus tard, il est entendu par tous.
Comme l’écrit Bill Rogers, les pauses tactiques sont un comportement typique et conscient de l’enseignant lorsqu’il s’engage dans la gestion de la discipline.
L’enseignant fait de brèves pauses, des silences dans sa communication pour :
Souligner la nécessité d’attirer l’attention de l’élève et de mettre un terme aux autres échanges dans lesquels il est éventuellement engagé, comme locuteur ou auditeur.
Pour amorcer, maintenir et orienter l’attention et la concentration des élèves sur la communication qui va suivre.
Pour permettre à l’élève de traiter ce que l’enseignant vient de dire à l’instant.
Pour communiquer un sentiment d’attente de calme et un apaisement.
Pour conserver et récupérer le contrôle de la situation en imposant un tempo et en mettant les élèves en phase.
Le silence peut s’accompagner de la recherche du regard, de signes non verbaux ou de l’utilisation éventuelle du prénom de l’élève, pour faciliter, capter et orienter la conversation.
L’institution de pauses tactiques qui fonctionnent dans le domaine purement non verbal constitue une alternative précieuse au fait de demander le silence ou l’attention des élèves verbalement. En effet, toute demande orale est elle-même un facteur de distraction qui doit concurrencer les autres. La pause tactique est au contraire en creux et recentre l’attention par le vide qu’elle génère.
Elle peut s’accompagner d’une expression de fermeté et de maitrise, afin de montrer qu’on reprend le contrôle. L’enseignant est vu en train d’observer et d’analyser la classe de son regard. Typiquement, elle peut s’accompagner de l’une ou l’autre répétition d’une consigne ou d’un contenu de matière. L’enseignant peut également moduler une diminution du débit ou du volume sonore utilisé pour marquer un retour au calme et ramener toute l’attention vers lui.
Le silence observateur est notamment utile lorsqu’il s’agit de mettre un terme à des bavardages qui peuvent apparaître en début de cours ou lors d’une transition ultérieure. Il s’agit d’un aspect du comportement de l’enseignant qui peut sembler anodin, mais qui est un outil important.
Nous ne devons pas hésiter à utiliser ces temps de silence à différents moments pour apprendre aux élèves à recentrer leur attention et nous écouter. Cela correspond à une routine à installer et à enseigner.
La pause tactique est à l’opposé de la précipitation. La précipitation n’est jamais une bonne conseillère et peut amener à des erreurs qui amenuisent la figure d’autorité bienveillante que doit remplir l’enseignant :
Si nous ne prenons pas le temps de faire une pause, des élèves qui n’avaient pas eu l’occasion de recentrer leur attention risquent de manquer le début de nos explications. Cela crée de la frustration du côté des élèves qui ne comprennent pas et de l’enseignant qui va devoir répéter.
Lorsque des élèves sont inattentifs, marquer une pause, dans notre parole et nos mouvements face à la classe, envoie un message non verbal très clair. L’effet de rester silencieux, plutôt que de s’adresser directement et d’agir dans la précipitation sera plus grand dans la mesure où ils obtempèrent.
Le message est clair, en utilisant une pause tactique, nous activons une routine convenue et attendons un résultat : toute leur attention en une poignée de secondes au maximum.
La capacité de faire une pause, de prendre du recul va être encore plus précieuse dans la gestion des interventions en gestion de classe. La précipitation y est presque toujours contreproductive. Lors d’une perturbation, si nous pouvons temporiser et obtenir le calme, nous gagnons à postposer son traitement à la fin du cours, de manière privée.
Dans tous les cas à la suite d’une perturbation, si nous nous donnons une minute ou deux pour réfléchir, nous pouvons avec recul choisir de parler ou non. Souvent, il est plus efficace de garder le silence, de temporiser parce que ce silence peut en lui-même être une forme de rétroaction et véhiculer un message.
Après s’être donné le temps d’examiner ses options, les actions choisies deviennent plus appropriées, plus stratégiques et plus efficaces.
Dans tous les cas, que ce soit dans la gestion de l’enseignement ou d’une perturbation, la pause tactique nous donne une meilleure attention des élèves, ce qui facilite une communication claire et précise.