Pratique distribuée et courbe de l’oubli d’Ebbinghaus
Une pratique distribuée prend la forme d’un apprentissage initial où un élève s’assure de comprendre et d’apprendre des contenus, suivi de temps de récupération espacés de ces mêmes contenus en différentes sessions de travail. Ces sessions de travail sont réparties sur plusieurs jours ou plusieurs semaines.
Cette pratique est à l’opposé du bachotage qui consiste à étudier ces mêmes contenus en une seule session étendue avant l’évaluation correspondante.
La pratique distribuée favorise l’acquisition de connaissances bien plus durables et profondes que le bachotage qui soutient un apprentissage superficiel et très fragile face à l’oubli.
Dans le cas de la pratique distribuée, nos souvenirs sont renforcés, car :
Nous attendons un certain temps avant de reprendre l’étude, plutôt que de répéter l’exercice immédiatement.
Nous faisons l’effort de récupérer nos connaissances en mémoire à long terme avant d’en vérifier la qualité.
Ce processus n’a rien de neuf. Cet effet d’espacement a été mis en évidence en 1885 par Hermann Ebbinghaus. Hermann Ebbinghaus était un philosophe allemand (1850 - 1909) souvent considéré comme le père de la psychologie expérimentale de l’apprentissage. Il est connu pour avoir mené un certain nombre d’expériences avec sa propre mémoire.
Dans le cadre de ses expériences, il s’est employé à apprendre une liste de pseudo-mots qui n’avaient aucune signification particulière. Ebbinghaus a mis en évidence que dans un premier temps, à la suite d’un apprentissage initial, il est possible de reproduire presque complètement tous les éléments mémorisés.
Cette capacité à récupérer toutes les informations chute alors rapidement au fil du temps. Au plus nous attendons pour vérifier notre mémorisation des contenus, moins nous devenons capables de les récupérer.
Cette expérience a abouti à ce que nous appelons communément la courbe d’oubli d’Ebbinghaus. Elle a été reproduite et vérifiée à de maintes reprises. Nous pouvons en voir l’allure générale sur l’illustration ci-dessous.
Hermann Ebbinghaus ne s’est pas arrêté là. En utilisant la courbe d’oubli, il a montré l’impact de la révision du contenu d’apprentissage (récupération suivie d’une nouvelle étude des éléments oubliés), avec des espacements de plus en plus longs. Elle représente un mécanisme performant pour l’établissement de la mémorisation à long terme.
Le contenu qui a été appris, oublié puis réappris devient mieux mémorisé et s’oublie ensuite plus lentement. Si nous permettons qu’un certain oubli se produise avant d’examiner le matériel à apprendre, la courbe de l’oubli tend à s’aplatir de plus en plus (voir schéma).
À chaque nouvelle étude (récupération en mémoire et nouvel apprentissage des éléments oubliés), la vitesse à laquelle s’oublient les éléments initialement oubliés va ralentir. Ce processus permet d’espacer de plus en plus les sessions de récupération.
Hermann Ebbinghaus a mis en évidence que l’oubli est un paramètre crucial pour l’apprentissage. Il est la voie vers un meilleur apprentissage. Le fait de récupérer des connaissances et de les étudier à plusieurs reprises alors qu’elles ont commencé à être fragilisées par l’oubli les renforce durablement en mémoire.
Se souvenir très bien de connaissances et les oublier complètement sont les deux facettes complémentaires du processus d’apprentissage.