Prendre en compte la motivation des élèves
Si la rationalité l’emportait, le métier d’enseignant serait plus simple :
Pour une part importante des élèves, tout serait facile :
Les élèves seraient pleinement conscients de leurs habiletés et de leur potentiel, et parfaitement capables d’autorégulation.
L’enjeu de fournir l’engagement et les efforts attendus et de faire face aux exigences serait évident et naturel pour eux.
Ils réussiraient naturellement bien à l’école, en fournissant adéquatement le travail nécessaire.
Le travail de l’enseignant serait pleinement d’instruire.
Pour une autre part des élèves, des efforts supplémentaires seraient nécessaires :
Pleinement capables de métacognition, ils seraient conscients de leurs difficultés.
Ils fourniraient des efforts supplémentaires et les ajustements nécessaires.
Ils utiliseraient à bon escient les dispositifs qui leur sont proposés. Ils tiendraient compte des recommandations des enseignants.
Ils transformeraient leur engagement en une réussite en associant efforts et stratégies.
Le travail de l’enseignant serait pleinement d’enseigner.
Dans le monde réel, en tant qu’enseignant, nous faisons face régulièrement à des élèves qui ont les capacités de réussir, peuvent sembler en avoir l’intention, mais ne concrétisent pas. Au-delà d’instruire et d’enseigner, nous devons également éduquer.
Nous faisons également face à des élèves qui se sous-estiment ou qui ont développé des blocages, des craintes, des attributions négatives ou de l’anxiété.
Dès lors, ils se découragent rapidement ou peuvent ne plus percevoir la nécessité ou l’utilité de s’engager. De plus, ces élèves, fuyant en partie les questions scolaires, parfois en décrochage scolaire, se retrouveront souvent à faire des choix d’orientation par défaut, moins ambitieux, et qui ne leur correspondent pas nécessairement.
Plus largement sont reliées derrière ces dimensions, des notions de motivation (extrinsèque ou intrinsèque) et d’intérêt (situationnel ou personnel) qui constituent les réels moteurs de l’orientation et de la réussite scolaire. Différentes théories de la motivation s’intéressent à ces questions dans un domaine éducatif.
L’auto-efficacité et la perception de compétence sont à ce titre des concepts utiles pour les enseignants qui se recouvrent pour une bonne part. Ils nous permettent de prendre en compte à la fois la personne de l’élève et son comportement dans une perspective dynamique et donc évolutive.
Derrière ces problématiques, se cachent également les missions profondes de l’éducation. Si nous prenons l’exemple de l’enseignement en Belgique francophone, il a pour missions (extraites du décret missions de la communauté française de Belgique) de :
1° promouvoir la confiance en soi et le développement de la personne de chacun
des élèves ;
2° amener tous les élèves à s’approprier des savoirs et à acquérir des compétences
qui les rendent aptes à apprendre toute leur vie et à prendre une place active dans la
vie économique, sociale et culturelle ;
3° préparer tous les élèves à être des citoyens responsables, capables de
contribuer au développement d’une société démocratique, solidaire, pluraliste et
ouverte aux autres cultures ;
4° assurer à tous les élèves des chances égales d’émancipation sociale.
Nous concevons également que former l’élève pour qu’il prenne sa place dans la société, lui permettre de s’engager dans une orientation, et promouvoir son développement personnel sont des dimensions totalement indissociables.
Une maitrise des concepts centraux des théories de la motivation, comme l’auto-efficacité ou la perception de compétence par les enseignants est souhaitable. Leur avantage est qu’ils sont plus fonctionnels et moins désuets que des notions plus vagues telles que la confiance en soi, l’estime de soi ou la maturité.