Prendre en compte une sensibilité accrue aux récompenses à l’adolescence
Au point de vue des neurosciences
Le système limbique :
Comprend des structures qui reçoivent des informations de diverses régions du cerveau
Contribue à des comportements complexes liés par exemple à la mémoire, à l’apprentissage, aux émotions, à la motivation, à la recherche de plaisir ou à la réponse aux récompenses.
Subit une maturation précoce lors de l’adolescence.
Ces caractéristiques conduisent les adolescents à montrer une plus grande réactivité aux récompenses immédiates. Steinberg (2008) en conclut que les adolescents sont plus enclins à rechercher des sensations fortes et à prendre des risques en raison de cette sensibilité accrue à la récompense.
Dès lors, l’adolescence peut être vue comme une période de recherche accrue de sensations. Cette recherche de sensations représente une attraction particulière pour des récompenses impliquant la tendance à privilégier des stimuli nouveaux, excitants et gratifiants. Elle correspond à l’inclination à sélectionner des sensations et des expériences variées, nouvelles, complexes et intenses, et à la volonté de prendre des risques physiques, sociaux, voire juridiques ou financiers pour la réalisation de ces expériences.
Au point de vue de la psychologie cognitive
Plus largement dans une perspective psychologique, cette recherche est pilotée par le système socioémotionnel. Le système socioémotionnel est responsable de l’augmentation de la saillance motivationnelle des stimuli gratifiants, c’est-à-dire de la sensibilité aux récompenses, de la prédiction des récompenses potentielles et du traitement des stimuli émotionnels. L’appréciation des bénéfices découlant de la réussite d’une expérience s’accroit lors de l’adolescence.
Ces manifestations psychologiques et neurales de la sensibilité aux récompenses augmentent entre l’enfance et l’adolescence, semblent culminer à un moment donné à la fin de l’adolescence, puis déclinent par la suite.
La maturation précoce du système socioémotionnel va augmenter l’attrait des adolescents pour des activités excitantes, agréables. Le développement du système socioémotionnel est fonction du statut pubertaire.
Au-delà de ces aspects physiologiques et développementaux, son expression est également culturelle et va dépendre des disponibilités et des opportunités dans l’environnement du jeune. Certaines cultures vont la favoriser, d’autres vont l’inhiber.
Ces différents effets se retrouvent en outre accrus dans des contextes émotionnels ou sociaux. Les pairs constituent une forme de récompense sociale très puissante à l’adolescence. Le comportement peut devenir plus impulsif ou orienté vers le risque en leur présence (Prinstein & Dodge, 2008).
Implications pour l’enseignement
Les adolescents sont particulièrement sensibles aux récompenses immédiates, comme les compliments, les (bonnes) notes, les privilèges ou l’approbation de leurs pairs.
Cela peut être exploité de manière constructive dans l’enseignement :
Usage d’un renforcement positif immédiat et fréquent :
Donner une rétroaction positive ciblée renforce l’engagement et le comportement souhaité.
Valorisation sociale :
Travailler en groupe, obtenir la reconnaissance des pairs ou de l’enseignant et être ainsi valorisé peut renforcer l’engagement.
L’intérêt pour les récompenses immédiates signifie que les adolescents peuvent avoir du mal à s’engager dans des tâches longues ou abstraites, dont les bénéfices ne sont pas immédiatement visibles. Leur attention est limitée pour les bénéfices à long terme.
Cela peut être exploité de manière constructive dans l’enseignement :
Il est utile de fractionner les tâches en étapes courtes avec des objectifs intermédiaires clairs et atteignables, chacun accompagné d’une rétroaction actionnable.
Utiliser des stratégies d’enseignement qui assurent l’activité de l’élève permet de rendre l’apprentissage plus gratifiant sur le plan immédiat.