Privilégier une rétroaction autoréférencée et proscrire une rétroaction normative
Les comparaisons sociales sont à éviter
La rétroaction normative correspond à comparer socialement les performances d’un élève avec celles d’autres élèves. Elles sont encouragées par la distribution des notes établissant une hiérarchie entre élèves, ce type de démarche met l’accent sur l’importance de dépasser ses condisciples.
Paradoxalement, cette forme de compétition réduit le niveau des résultats scolaires.
Les comparaisons sociales amènent les enseignants à attribuer les différences entre élèves à des différences de capacités et à penser que celles-ci sont extrêmement stables dans le temps. Les élèves à résultats médiocres auront toujours des résultats médiocres, alors que les bons élèves auront toujours de bons résultats dans leur scolarité.
Les élèves qui ont des résultats décevants vont avoir tendance à attribuer leurs échecs à un manque de capacité.
Dès lors, ils s’attendent à obtenir de mauvais résultats à l’avenir. Ils feront preuve d’une motivation réduite pour les tâches suivantes et d’une diminution de leur confiance en soi, de leur sentiment d’efficacité personnelle.
Il vaut mieux proscrire toute comparaison entre les résultats d’un élève et ceux d’autres élèves dans la classe. Cela pourrait arriver en évoquant des différences de niveau ou le fait d’avoir de meilleurs ou de moins bons résultats que d’autres. Dans les deux cas, des conséquences négatives sont possibles.
L’évaluation formative est personnelle et individualisée. Elle permet d’informer l’élève sur son évolution propre et ne doit pas comparer son savoir-faire et ses comportements à ceux de ses condisciples.
La comparaison individuelle est à promouvoir
La rétroaction autoréférencée correspond une comparaison individuelle des performances actuelles d’un élève avec ses performances antérieures de manière à mettre en évidence la progression.
Par rapport à la rétroaction normative, la rétroaction autoréférencée entraine des attentes plus élevées en matière de performances futures et des attributions accrues à l’effort fourni par l’élève. Par exemple, « J’ai réussi parce que j’ai fait des efforts en travaillant ». Les attributions aux capacités (par exemple, « J’ai réussi parce que je suis intelligent ») ne produisent par contre que peu d’effets.
Dans cette optique, il est conseillé de prodiguer une rétroaction stratégique auprès d’un élève :
En décrivant en premier ce qui a été acquis puis en détaillant ce qui est encore à acquérir.
L’accent est mis sur l’amélioration personnelle, l’effort, l’usage de stratégies et l’apprentissage.
Un lien personnalisé gagne à être réalisé entre ses résultats antérieurs et ses objectifs à court et à moyen terme, afin de clarifier les actions à mener et de les identifier en tant que défis accessibles.
Il faut également tenir compte de l’intérêt à prodiguer une rétroaction affective auprès d’un élève :
L’élève est sensible. Il est susceptible de réagir positivement à toute amélioration éventuelle de sa performance. La rétroaction qui fait référence aux progrès d’un élève et aux possibilités d’amélioration de son travail peut aider à compenser l’effet négatif des comparaisons sociales inévitables.
Le fait que les enseignants évoquent les progrès graduels des élèves a des effets positifs. Ce type de comparaison individuelle a un effet positif marqué sur les élèves les plus faibles.
Ce facteur est susceptible d’améliorer sa perception compétence et son auto-efficacité. Ces facteurs sont favorables à ses performances ultérieures, car ils facilitent ses investissements, sa motivation intrinsèque, ses attributions causales et sa persévérance.
La rétroaction ne sera pas toujours positive. Les enseignants félicitent les élèves dont le travail leur permet de progresser avec le temps et critiquent de manière constructive ceux qui stagnent ou régressent.
En conclusion, les élèves peu performants ne devraient pas recevoir un retour d’information normatif. Ils devraient recevoir un retour d’information autoréférencé qui concentre leur attention sur leurs propres progrès. En outre, les élèves plus performants ne sont pas affectés négativement par une rétroaction autoréférencée plutôt que normative.