Quand démarrer et quand arrêter la pratique autonome en enseignement explicite
Quand s’engager dans la pratique autonome
Classiquement, la pratique autonome prend le relais d’une pratique guidée quand il semble que les élèves comprennent les connaissances et peuvent les mobiliser avec un bon niveau de réussite sous la supervision rapprochée de l’enseignant.
Un objectif central est de bien choisir le moment où engager les élèves dans la pratique autonome, aussi appelée pratique indépendante. Nous voulons, avant de la démarrer, que les élèves soient capables de reproduire les étapes d’une procédure, ou les aspects stratégiques d’une tâche complexe, avec peu de conseils et d’encouragements.
Surtout, nous voulons que cette réalisation autonome ou coopérative se déroule avec un risque faible de génération d’erreurs. Pour certaines connaissances simples, les élèves peuvent être capables de s’y engager dès la fin du modelage, alors la pratique guidée est inutile. Dans tous les cas, nous voulons éviter que les élèves multiplient les erreurs sans supervision en début de pratique autonome pour éviter qu’ils ne les apprennent.
Quand arrêter la pratique autonome
Souvent, c’est le facteur limitant du temps d’enseignement disponible qui programme la fin de la pratique autonome.
Cela impose toutefois d’être proactif, de rendre la pratique autonome intensive pour tous les élèves, en leur donnant à faire un échantillon représentatif de taches recouvrant parfaitement les contenus des objectifs pédagogiques.
Proposer trop de taches aux élèves peut limiter la profondeur de leur apprentissage. Les élèves les moins rapides risquent de ne pas avoir le temps de pratiquer toute l’étendue des objectifs.
Dès lors, la pratique autonome doit être pensée dans une optique de différenciations. Il faut sélectionner un nombre réduit de tâches que tous les élèves doivent réaliser et qui présentent pour chacune des enjeux accessibles et qui intègrent les divers objectifs pédagogiques. L’enjeu est de s’assurer que tous les élèves, peu importe leur rythme de travail, aient eu l’occasion de se confronter à tous les aspects essentiels des objectifs pédagogiques.
D’autres tâches redondantes ou de dépassement peuvent être disponibles pour les élèves les plus rapides, ou ces derniers peuvent être mis à contribution au côté des élèves qui rencontrent plus de difficultés dans une optique de tutorat. Le principe est que chaque élève doit avoir quelque chose à réaliser dans le cadre de la matière en cours lors de la pratique autonome.
L’enseignant doit connaître ses élèves, savoir où ils en sont et jusqu’où il veut les amener. De même, nous nous assurons de leur plein engagement, particulièrement pour ceux qui présentent des difficultés et qui pourraient être plus rapidement tentés de jeter l’éponge.
Seul l’enseignant peut savoir quel contenu de pratique autonome sera le plus pertinent pour ses élèves et maximisera l’apprentissage de tous à un moment donné. L’enseignant efficace sait faire jouer la carte de son expertise.
La pratique autonome peut s’arrêter lorsque les élèves démontrent des automatismes et deviennent performants pour les tâches sur lesquelles ils sont susceptibles d’être évalués plus tard. Cet arrêt cependant sera temporaire, car dans le cadre d’une pratique distribuée nous nous assurerons d’offrir aux élèves, au fil du temps, d’autres opportunités de récupérer et de mobiliser ces compétences. Cela peut se faire dan le cadre de quiz, de devoirs, d’une évaluation formative ou d’une pratique entremêlée.