Quatre effets négatifs du surlignage
1) La perte des informations pertinentes non surlignées
Lorsque les élèves soulignent leurs notes de cours, le rendement d’apprentissage est meilleur lorsque ce sont les éléments pertinents qui sont mis en évidence. Les éléments qui ne sont pas mis en évidence seront moins bien appris.
Autrement dit, si l’élève est capable de repérer et d’isoler les éléments clés d’un texte alors le fait de les mettre en évidence va améliorer son étude. Dans ce cas, le soulignement s’apparente à un travail de synthèse. Cette capacité de s’aider du soulignement pour l’élève est corrélée à une capacité de compréhension approfondie de la matière.
Par conséquent, la mise en évidence active n’est pas toujours plus efficace que de recevoir un support de cours qui a déjà été mis en évidence. Tout va dépendre de la capacité des élèves à mettre en évidence les parties les plus importantes du contenu.
En quelque sorte, le surlignage n’est pas une méthode d’étude utile en elle-même. Le surlignage est une technique qui peut venir épauler d’autres techniques d’étude qui vont mieux assurer la responsabilité de l’efficacité de l’apprentissage.
Cet effet du surlignage met en exergue l’utilité d’une structuration avancée des supports de cours et manuels scolaires et de leur adaptation au niveau de connaissances préalables des élèves. En mettant en évidence d’emblée les éléments importants, les enseignants évitent d’engager les élèves dans des pratiques de surlignage inadéquates. Ils leur offrent un accès plus égalitaire aux contenus avec des supports plus propices à l’apprentissage.
2) L’avantage du surlignage actif sur le surlignage passif
L’avantage fourni par l’information pertinente surlignée est plus grand pour les surligneurs actifs efficaces, ceux qui choisissent de manière pertinente ce qui est surligné. Ils sont passés par une phase de sélection des informations à mettre en évidence ce qui implique un traitement plus poussé de l’information.
L’avantage sera moindre pour les surligneurs passifs, ceux qui ne choisissent pas ce qui est surligné, car s’ils ont vu la même information surlignée, ils ne l’ont pas sélectionnée ni traitée.
Nous voyons ici un effet favorable du traitement de l’information et de la compréhension du contenu par l’élève. Le choix des éléments à souligner demande une réflexion plus approfondie et une évaluation de la valeur de l’information que nous nous apprêtons à souligner. Ces démarches engagent beaucoup plus la mémoire à long terme de manière générative, en demandant que des liens soient établis.
À l’opposé, un surligneur passif n’est pas aussi impliqué dans le traitement de l’information et il n’y a aucune garantie que la lecture qui mène au surlignage ne soit pas superficielle.
L’élève a intérêt à utiliser la technique du surlignage uniquement sur des supports qui sont aisés à comprendre pour lui et pour lesquels l’étayage est suffisant. Le surlignage sur un texte complexe au contenu nouveau ou mal compris par manque de connaissances préalables est un facteur générateur d’inefficacité.
3) La perte de structure du texte
L’avantage fourni par l’information mise en évidence s’accompagne d’un coût par élimination. En effet si l’évaluation contient des questions portant sur des informations qui n’avaient pas été mises en évidence, les réponses générées seront de moindre qualité.
Le soulignement semble également avoir un effet défavorable sur l’établissement de liens, d’inférences et sur une compréhension globale. Il a tendance à mettre en évidence des éléments parcellaires parfois dépouillés de leur contexte, ce qui peut mener à des biais cognitifs.
L’élève risque de ne plus étudier que les éléments soulignés. Il peut complètement négliger ce qui ne l’est pas. Le contexte de l’information risque de lui échapper, de même qu’une vision d’ensemble et la structure du cours.
4) Les croyances erronées des élèves sur le surlignage
Les élèves qui se fient au surlignage et pensent qu’il s’agit d’une stratégie efficace peuvent souffrir d’une illusion de connaissance. Plus précisément, ces élèves peuvent traiter les documents surlignés d’une manière moins significative lors de la relecture que si ces documents n’étaient pas surlignés.
Lors de la relecture, ces élèves peuvent seulement jeter un coup d’œil rapide sur le texte mis en évidence. Ils peuvent supposer à tort que, parce qu’ils ont déjà mis en évidence cette information, elle est profondément encodée dans la mémoire. Leur erreur est probablement soutenue par l’apparente fluidité de traitement qu’ils éprouveraient lors d’une telle relecture.
De cette manière, le surlignage pourrait ironiquement altérer la mémoire des informations critiques en empêchant les élèves de réétudier l’information d’une manière qui favorise efficacement la rétention à long terme.