Une note sommative qui rend compte des apprentissages
Les procédures utilisées par les enseignants pour déterminer les notes de leurs élèves varient considérablement. Les notes attribuées par les enseignants sont généralement basées sur un amalgame de différentes sources de preuves.
Dans une perspective sommative, une difficulté liée aux notes est qu’elles peuvent inclure des preuves basées sur des facteurs non cognitifs. Ces facteurs sont généralement liés à des aspects du comportement des élèves.
Cette dimension diminue la fiabilité et la validité des résultats de l’évaluation. Les preuves mobilisées doivent être des représentations les plus exactes possibles de ce que les élèves ont appris et sont capables de faire.
Les notes fondées sur de telles preuves peuvent potentiellement servir de base à une communication appropriée et significative des enseignants et des écoles aux élèves et à leurs familles.
Il importe que ces autres informations passent par d’autres canaux, au niveau de la rétroaction sur les attitudes scolaires ou dans le cadre de processus d’évaluation formative.
Une rétroaction formative qui rend compte des progrès et des pistes d’action
Une question légitime à se poser est de savoir dans quelle mesure les élèves ont besoin de connaître leur note lors d’une évaluation aussi longtemps qu’elle ne présente pas un caractère sommatif clair et net.
Ce dont ils ont besoin de savoir, c’est ce qu’ils maitrisent et ce qu’ils ne maitrisent pas, ce qu’ils font bien et ce qu’ils peuvent mieux faire et comment le faire.
Il leur est également utile de savoir comment ces informations permettent d’assoir une décision sur leur réussite ou leur échec.
Lorsque l’évaluation est conçue pour être uniquement formative, elle a pour enjeu d’améliorer le niveau d’un élève. Le plus important est que l’élève sache ce qu’il doit faire différemment pour améliorer son résultat. La rétroaction peut se suffire à elle-même et être explicite.
Si l’élève est actuellement en situation de danger, la rétroaction peut l’exprimer de manière verbale claire et nette, sans justifier le besoin de donner une note.
Dès lors, dans une perspective formative, les points n’ont pas d’intérêt. Le seul avantage à donner la note serait de communiquer sa valeur prédictive, mais nous sortons là de la fonction formative de l’évaluation.
Nous pouvons réduire l’ensemble des tâches et des objectifs d’apprentissage d’une évaluation à une note, par une pondération et un barème de notation. Le fait est que cela peut souvent écraser la complexité et les nuances de l’information qui peut être issue d’une évaluation.
Au niveau du formatif, les barèmes de notation sont surtout utiles aux enseignants pour se faire une idée de là où en sont les élèves. Ils sont peu signifiants pour les élèves qui ont surtout besoin d’une rétroaction et d’informations sur la manière d’améliorer leurs performances.
Une note constructive qui réconcilie les dimensions formative et sommative de l’évaluation
Dans une perspective sommative, l’évaluation peut viser uniquement à rendre compte de l’état actuel des apprentissages. La réduire à une note simple peut peiner à fournir une information nuancée.
Il est utile de déterminer quelles informations il convient de fournir en retour aux élèves, car une note chiffrée ne va pas en soi aider l’élève à obtenir de meilleurs résultats. SI elle peut agir comme un signal d’alarme pour l’inciter à améliorer ses performances, elle peut tout aussi bien susciter du ressentiment, de la colère, de la frustration ou du dégoût de soi.
Raphaël Pasquini (Quand la note devient constructive, 2021) a apporté une contribution significative à la réflexion sur la réconciliation des dimensions formative et sommative de l’évaluation, à travers ses modèles de la « note constructive » et de « l’alignement curriculaire élargi ». Cette perspective dépasse l’opposition traditionnelle entre évaluation formative et évaluation sommative.
La note doit jouer à la fois un rôle de régulation et de communication. Elle ne doit pas être une simple note chiffrée, mais constituer un outil de communication sur les apprentissages.
Pour être constructive, la note doit être élaborée dans le cadre d’un processus clair répondant à un alignement curriculaire élargi qui prend en compte l’ensemble du processus d’enseignement et d’apprentissage. Elle doit en retour fournir des informations claires et précises sur les acquis et les difficultés de l’élève, afin de l’aider à réguler ses apprentissages.
La rétroaction se retrouve complémentaire et intégrée à la note constructive. Elle devient centrée sur les apprentissages, détaillée et personnalisée, ce qui permet à l’élève de comprendre ses difficultés et de savoir par quelles stratégies s’améliorer. Elle fait le bilan et donne des pistes d’amélioration et possède une forte valeur informative pour les élèves.
Plutôt que de chercher une opposition entre note et rétroaction, il y a lieu de considérer comment une note constructive peut être un outil au service de la progression des élèves, documentant parallèlement leurs apprentissages. Une information sur la note comportant une rétroaction experte est toujours beaucoup plus susceptible d’avoir un impact.