Recopier ses notes de cours des exercices
Pour certains élèves, quand ils se mettent à étudier pour se préparer à une évaluation, il peut sembler rassurant de recopier ses notes cours au propre ou des résolutions d’exercices faits précédemment en classe. Cela leur donne l’impression de clarifier les contenus et de mieux visualiser les démarches et les procédures. S’il peut y avoir un certain impact sur la compréhension, il est superficiel. S’il peut y avoir un impact sur l’apprentissage, il est minime et surtout aléatoire. En réalité, il s’agit souvent et avant tout d’une mauvaise utilisation par ces élèves de leur temps disponible.
Un élève peut recopier une information sans l’organiser ni la transformer en profondeur. Il peut se contenter de la sélectionner et de la transcrire avec une légère remise en forme. Les liens entre les contenus et certaines dimensions implicites essentielles risquent de leur échapper. Cette pratique n’est pas une difficulté désirable, elle ne permet pas d’apprendre véritablement. Elle n’est réellement utile que lorsque nous nous entrainons à écrire dans les premières années du primaire et qu’il reste énormément à apprendre du point de vue de l’orthographe.
Quand nous recopions, seule la boucle phonologique de sa mémoire de travail est sollicitée. Nous retenons temporairement quelques informations fragmentaires en nous les répétant le temps de les transcrire. Après, elles s’évanouissent. Généralement, il n’y a pas de réels échanges avec des connaissances préalables en mémoire à long terme. Une fois la transcription exécutée, l’information est effacée, aucun lien n’a été créé, rien n’a été stocké.
Le goulot d’étranglement est avant tout physique, notre attention est détournée de l’apprentissage. Elle sera à recopier et à mettre en forme sur le papier les informations ou à les taper sur le clavier de son ordinateur.
Une première preuve est que recopier un cours ou une partie de celui-ci, par exemple sous forme d’une synthèse, est bien plus agréable et n’est pas moins fonctionnel lorsque nous l’accompagnons d’un fond musical. Cela montre que le goulot d’étranglement ne se situe pas du tout au niveau du traitement cognitif de la mémoire de travail, mais au niveau de l’action physique.
L’utilisation de la boucle phonologique nous donne la capacité de copier mécaniquement sans réfléchir, sans traitement de l’information et sans échange avec la mémoire à long terme. Nous ne nous intéressons que temporairement et superficiellement aux contenus, avant de les oublier rapidement une fois qu’ils sont copiés. La boucle phonologique est une partie de la mémoire de travail qui fonctionne comme un système de répétition. Nous l’utilisons notamment pour nous souvenir d’un numéro de téléphone ou d’un mot de passe le temps de l’encoder. Celle-ci peut répéter et conserver l’information le temps qu’elle soit recopiée ou utilisée, mais n’implique aucun échange de sens, aucune récupération ou élaboration avec la mémoire à long terme.
La conséquence directe et brutale est qu’aucun apprentissage n’aura lieu.
Une autre preuve est que régulièrement après avoir pris des notes, lorsque nous y revenons quelques jours plus tard et que nous les relisons, nous pouvons ne plus savoir exactement ce à quoi elles se rapportent exactement. Nous pouvons avoir le sentiment de les redécouvrir, preuve qu’aucun réel apprentissage n’a eu lieu.
En effet, tout apprentissage demande un traitement cognitif et des échanges répétés, cycliques et espacés dans le temps, entre mémoire de travail et mémoire à long terme. Celui-ci permet d’activer un processus d’élaboration, de stockage et de récupération autour des nouvelles informations et de création de liens avec des connaissances préalables.