Rendre un évaluation réellement formative
Le qualificatif de formatif que l’on trouve dans l’expression évaluation formative ne se réfère pas à l’évaluation. Il ne se réfère pas non plus à l’objectif de l’évaluation elle-même. Le qualificatif formatif se réfère à la fonction que l’évaluation remplit réellement.
Dès lors, une évaluation est formative dans la mesure où les informations qu’elle fournit sont réinjectées dans le système. Elles sont utilisées pour améliorer les performances du système d’une manière ou d’une autre. L’évaluation formative détermine la direction de l’amélioration par le biais d’une rétroaction. Dès lors, si ce n’est pas le cas l’évaluation ne remplit pas sa fonction.
Prenons un contre-exemple frappant de ce qui ne serait pas une évaluation formative en accord avec de principe :
Imaginons qu’à la suite des résultats d’une évaluation, un enseignant dise à l’un de ses élèves qu’il doit se mettre sérieusement au travail et fournir des efforts. Admettons que l’élève en tienne compte et que par conséquent, il améliore effectivement ses performances à l’évaluation sommative suivante. Dans ce cas de figure, il ne s’agit pas d’une évaluation formative.
Pourtant, nous pouvons reconnaitre que le retour d’information donné par l’enseignant s’est révélé causal dans ce cas. C’est vrai, dans le sens où il a déclenché chez l’élève une prise de conscience qui a déclenché l’amélioration des performances.
Toutefois, le processus ne répond pas au principe d’une dimension formative. Les décisions sur la manière de s’investir plus en profondeur sont laissées à l’initiative de l’élève. Dire aux élèves de travailler plus ou de travailler mieux n’est pas formatif, car la demande est vague et générale. Les élèves doivent deviner spécifiquement ce qu’il convient de faire, cette information n’est pas communiquée et pour cette raison l’évaluation n’est pas formative.
Prenons d’autres contre-exemples plus ambigus :
Imaginons qu’à la suite des résultats d’une évaluation, un enseignant recommande à certains de ses élèves de « donner plus de détails », « de mieux structurer leurs réponses », ou « d’approfondir leur raisonnement ». Ces commentaires pourraient être formatifs. À leur suite, certains élèves peuvent réagir et progresser.
Dans cette situation, l’évaluation ne serait formative que si les élèves savent exactement ce que cela signifie, et comment s’entrainer pour mieux le réaliser. Les élèves doivent pouvoir directement relier les commentaires généraux de l’enseignant à des démarches spécifiques explicitées précédemment par l’enseignant dans le cadre du cours. Si ce n’est pas le cas et que les commentaires sont perçus comme généraux et que l’élève doit trouver par lui-même comment réagir, l’évaluation n’est pas formative.
Dans l’absolu, le fait est qu’il est peu probable que ce soit le cas. En effet, si les élèves savent quels efforts et quels processus exacts sont requis, comment structurer leurs réponses ou approfondir leur raisonnement, ils l’auraient probablement fait dès la première fois.
Par conséquent, l’évaluation ne sera formative, pour les élèves en retour, que s’ils reçoivent une rétroaction spécifique qui leur indique les actions et les démarches spécifiques à entreprendre pour s’améliorer. Cette rétroaction ne peut supposer que les élèves savent ou peuvent deviner comment progresser à partir de leur situation actuelle.