Se poser la question du coût d’opportunité de la correction individuelle des évaluations formatives
Corriger individuellement les productions et les évaluations formatives (tests, productions, devoirs) des élèves prend un temps conséquent, de même que le fait de leur délivrer une rétroaction formative personnalisée qui fixe des objectifs. Nous ne parlons pas ici d’un suivi de la prise en compte de cette réaction qui est virtuellement hors de portée.
De même, traquer les fautes d’orthographe, les erreurs grammaticales, les fautes de calcul basiques, les erreurs d’inattentions le manque de structure de productions écrites peut se révéler jour après jour être une tâche colossale et sans fin. Elle plombe l’emploi du temps des enseignants.
Les parents sont satisfaits de voir les copies de leurs enfants corrigées, c’est une preuve que les élèves sont suivis. La hiérarchie et les collègues y voient des preuves de travail bien fait et de sérieux. Mais tout cela est la part émergée de l’iceberg, ce sont des apparences.
En dessous de l’eau se cache la question du coût d’opportunité réel d’une telle notation, pour la qualité de l’enseignement et de l’apprentissage des élèves. Tout ce temps passé à rendre compte dans une perspective formative et à l’échelle individuelle du travail des élèves ne pourrait-il pas être mieux investi ?
Chaque heure qu’un enseignant consacre à la notation est une heure qu’il ne peut pas consacrer à des ressources renouvelables et à l’amélioration de ses supports actuels. En matière de conception pédagogique, l’impact de la correction est ce titre nul, car il ne contribue pas directement à une banque de données de nouvelles ressources éducatives.
Si la correction avec retour d’information n’a pas de contribution au niveau de la conception, en a-t-elle au niveau de la pratique ? De plus, dans quelle mesure les élèves agissent-ils pleinement en fonction de ce retour d’information ? Dans quelle mesure se traduit-elle en une amélioration certaine de leurs compétences et de leurs apprentissages ?
La notation d’une production individuelle n’est par définition utile qu’à un seul élève et sa valeur est périssable. Quel sens un élève peut-il donner à des commentaires de son enseignant un mois plus tard ?
À l’opposé, la création d’un organisateur graphique ou de supports de remédiation autoévaluables et réutilisables est par contre utile à chaque élève et à chaque collègue, chaque année et de manière répétée. Ces productions pédagogiques sont susceptibles d’être construites et améliorées collectivement au fil du temps par les enseignants.
La correction avec retour d’information individuel des productions formatives si elle est faite sérieusement est une tâche dispendieuse pour l’enseignant. De plus, en général, elle a, il faut l’avouer, assez peu d’impact en moyenne sur l’apprentissage des élèves.
Une fois ce constat posé, nous pouvons nous demander par quoi remplacer ces évaluations formatives corrigées et commentées individuellement par l’enseignant :
Quelles approches sont-elles susceptibles d’avoir plus d’impact sur les élèves tout en surchargeant moins les enseignants ?
Dans quelle mesure ce retour ne peut-il pas se faire à l’échelle de la classe, et être intégré dans les cours eux-mêmes ?
Comment des démarches collectives peuvent-elle être aussi, voir plus efficaces que des démarches individuelles ?
Comment collaborer avec des collègues sur ces questions ?
Comment s’assurer que la rétroaction donnée soit réellement prise en compte et ait un impact positif sur les investissements et l’apprentissage des élèves ?
Comment mieux utiliser notre temps sans nous épuiser ?