Sortir de l’impasse des moyennes faites à partir d’évaluations sommatives intermédiaires
La mise en place d’évaluations sommatives intermédiaires menant à une évaluation certificative (examen) pourrait sembler un moyen logique de vérifier que les élèves sont sur la bonne voie.
Néanmoins, l’épreuve certificative qui va tester les connaissances des élèves sur l’ensemble d’une période va être vécue par beaucoup d’élèves comme une épreuve stressante, ponctuelle et d’un niveau de difficulté inédit.
Ils ont le souci d’être performants à cette occasion et vont miser sur la chance ou le talent. Ces sentiments sont quelque peu en contradiction avec l’idée d’échantillonner un apprentissage et d’en acquérir des preuves. Les élèves ne devraient pas faire mieux ou moins bien lors d’un examen que ce qu’ils ont fait généralement au cours de l’année. L’évaluation devrait simplement une mesure du niveau atteint, pas une course contre le chronomètre.
La valeur d’évaluations sommatives intermédiaires n’a que peu de sens dans cette perspective-là, car il est surtout souhaitable d’avoir une mesure standardisée d’un apprentissage au terme d’un programme d’enseignement. L’idée est qu’une suite de mesures positives de la performance permet de valider un apprentissage.
De plus, des évaluations sommatives intermédiaires portant sur des volumes de matière réduits n’offrent que peu de garanties de réussite à l’examen. Ce dernier présente une échelle et un volume de matière très différents.
À chaque évaluation sommative, l’élève est incité à viser la performance instantanée, comme un sprint sur une courte distance, plutôt que l’apprentissage durable, qui est une course de fond sur une longue distance. Ce qui compte souvent c’est de faire des points.
Les élèves tendent à concevoir les évaluations sommatives comme des sprints ponctuels à enjeux maitrisables.
Ceux-ci motivent leur comportement comme un jeu de carotte et de bâton. Il s’agit de fournir le travail nécessaire pour réussir, car souvent les parents veillent. Il n’y a pas d’emblée une réflexion sur la façon de procéder. L’accent est sur la performance et n’est pas sur l’apprentissage durable.
La seule manière de transformer le système est de lier complètement les processus d’évaluation aux objectifs pédagogiques et aux critères de réussite. La pondération se construit sur ces derniers et non directement sur une somme de points obtenus grâce à des réponses à des questions.
C’est ce genre de démarche que soutiennent les modèles de l’évaluation formative, défendu par Dylan Wiliam ou le modèle de la note constructive de Raphaël Pasquini. En reliant les résultats obtenus à des apprentissages spécifiés évalués plusieurs fois dans le cadre du parcours avec une dimension cumulative au cours de l’année, nous pouvons établir une note finale à haute valeur informative. Dans ce cadre, les moyennes n’ont plus de sens, les attendus sont clarifiés, l’accent est sur la maitrise et l’apprentissage, et nous échappons aux risques d’un effect compensatoire.