Spécificités du modelage des mouvements et lien avec celui des connaissances
En enseignement explicite, lorsqu’il s’agit de procédures ou de processus, le modelage ne devrait porter que sur les aspects critiques du processus de résolution de problèmes et d’exécution des tâches. Nous passons du simple vers le complexe, en automatisant chaque étape tout en intégrant les connaissances et en développant la flexibilité dans une perspective de transfert.
Dans le cadre de la pratique sportive ou des mouvements en général, le modelage va devoir répondre à certaines spécificités différentes. Les enjeux sont au niveau de la performance, de la fluidité et de la précision et des automatismes.
Une spécificité du modelage des mouvements est qu’il s’agit d’empêcher ou de limiter le développement de connaissances déclaratives pendant la réalisation d’un geste. Le but est d’immuniser l’apprentissage contre les effets du stress.
Assez paradoxalement, une façon d’arriver à ce résultat est de ne pas aller trop dans les détails des explications verbales lorsqu’un individu est formé par des explications déclaratives à l’apprentissage d’un mouvement. Il faut être économe et se consacrer à l’essentiel pour aboutir à l’automatisation.
L’un de ces moyens consiste à préférer l’usage de consignes qui reposent sur des analogies et des images. François Maquestiaux (2017) en rapporte un exemple pour l’enseignement du lancer franc au basket-ball. Il s’agirait d’essayer de faire comme si les apprenants devaient déposer un biscuit dans une corbeille placée sur une étagère au-dessus de leur tête. Cette approche serait plus efficace que de distribuer des consignes verbales détaillées sur la façon de faire.
En pratique sportive, une instruction trop détaillée et exhaustive des mouvements est susceptible d’être plus sensible à une forme d’échec sous pression que ne le serait une forme d’instruction qui se concentre uniquement sur les aspects critiques.
L’idée du modelage est de rendre visibles les mécanismes du mouvement dans le sens de leurs conséquences, dans la visée des buts du mouvement, pas à se disperser dans des explications annexes.
On retrouve certains aspects dans le modelage de l’enseignement explicite des contenus. Il y est important de se concentrer sur les éléments essentiels et d’être économe en instructions précises en évitant la redondance ou les informations inutiles. Certains éléments clés des apprentissages doivent eux-mêmes pouvoir être pleinement automatisés par les élèves pour soulager la mémoire de travail. Cependant, la dimension déclarative reste importante dans une perspective de transfert. Nous voulons que les élèves comprennent parfaitement ce qu’ils font et pourquoi ils le font pour pouvoir procéder à des adaptations en fonction des circonstances. La diversité de l’utilisation de certaines connaissances dans le monde réel l’impose. Les élèves ne peuvent pas se contenter d’appliquer des recettes ou de mobiliser des boites noires dont le fonctionnement leur serait opaque.