Structuration et étapes d’un enseignement explicite
L’enseignement explicite fait référence à un ensemble d’approches dirigées par l’enseignant, axées sur une démonstration par l’enseignant, suivie d’une pratique guidée et d’une pratique autonome (Education Endowment Foundation, 2022).
Étape 1 : L’ouverture de la séance ou mise en situation
Durant la phase d’ouverture, l’enseignant réactive les connaissances préalables pertinentes, ce qui va faciliter les connexions entre information ancienne et information nouvelle. Il réalise une évaluation diagnostique et remédie aux manques éventuellement détectés.
L’enseignant ne se contente pas de dire « Vous vous souvenez de X que vous avez étudié l’année/la semaine dernière ? ». Il interroge les élèves : « Dis-moi ce que nous avons vu la dernière fois », « Qu’était-il important de retenir », « Quel était le sens, l’utilité de cet élément », « Quelqu’un peut-il reformuler et compléter ce que Untel vient de dire ? », etc.
L’enseignant précise les objectifs d’apprentissage en les énonçant sous forme de défi. Il attire l’attention des élèves sur les notions essentielles à maîtriser afin qu’ils puissent maintenir un but en mémoire et focaliser leur attention sur les points clés de l’apprentissage à réaliser. Il rend visible l’attendu en matière de productions.
Les élèves peuvent ainsi se concentrer sur les contenus essentiels et sur les attentes qui y sont liées et ne pas se perdre dans le superflu.
Nous orientons l’attention des élèves :
Pour optimiser l’encodage par un bon usage de leurs ressources limitées en mémoire de travail.
Pour favoriser le stockage de l’information et son transfert en mémoire à long terme.
La mémoire est en effet un ensemble de systèmes de projection de l’information dans l’avenir (Dehaene, 2018). Le cerveau retient ce qu’il anticipe d’être important pour le futur.
Étape 2 : Le modelage (Je fais/I do)
L’enseignant fait une démonstration de l’objet d’apprentissage, expose les notions essentielles à apprendre.
Il procède par des exemples et des contre-exemples qui permettent de cerner les propriétés essentielles de l’objet.
La clarté du propos est essentielle et il convient que l’enseignant évite les digressions, le superflu et les redondances, qu’il explore la notion de façon à la fois riche, précise et concise.
L’enseignant réalise une tâche étape par étape devant ses élèves, du simple vers le complexe, tout en décrivant ce qu’il fait pendant qu’il le fait « en mettant un haut-parleur sur sa pensée ».
Il fait généralement pour cela une utilisation privilégiée de problèmes résolus (worked examples) ou de productions exemplaires.
Cette étape s’imbrique dans la suivante. Rapidement, pour engager les élèves, l’enseignant demander aux élèves de démontrer à leur tour, de reprendre une étape ou de l’aider dans sa démarche de démonstration en s’appuyant sur leurs connaissances préalables.
Étape 3 : La pratique guidée (Nous faisons ensemble/We do)
Le but de cette phase est que les élèves progressent dans la compréhension de l’objet d’étude et qu’ils s’entrainent à le pratiquer en collectif (éventuellement en équipes).
Les formes peuvent être variées (oral, brouillon, ardoise, tableau, visualiseur, enseignement réciproque, etc.).
L’enseignant guide et accompagne fortement le travail :
Il questionne constamment les élèves de manière aléatoire. Il fournit une rétroaction systématique en s’assurant que les élèves maîtrisent progressivement la notion.
Il s’agit d’un véritable guidage précis par l’enseignant : vérifier la compréhension ce n’est pas se contenter de dire « Ça va ? », « Tout le monde a compris ? », « Y a-t-il des questions ? ». Il s’agit de s’en assurer véritablement : « Peux-tu me le répéter avec tes mots ? », « Pourquoi la solution proposée par Untel est-elle bonne ? », « Explique comment tu es arrivé à cette solution ».
L’enseignant interagit avec les élèves d’une manière statistiquement représentative (tous les élèves doivent participer à un moment ou un autre), mais il les fait interagir entre eux également.
Étape 4 : La pratique autonome (Vous faites seuls/You do)
Les élèves réalisent des exercices individuels ou en groupe, sans l’aide de l’enseignant.
Cette phase n’est lancée que lorsque, dans la précédente, l’enseignant s’est assuré que la grande majorité des élèves a acquis un bon niveau de compréhension.
La pratique autonome doit permettre aux élèves de vérifier leur propre niveau de compréhension et d’assurer une dose importante de pratique, qui améliorera la fluidité et favorisera l’automatisation.
Le fait que les exercices soient censés être réalisés sans l’aide de l’enseignant ne signifie pas qu’en pratique celui-ci n’intervient jamais. L’enseignant continue à superviser l’activité, il circule entre les tables, vérifie brièvement ce que font les élèves et peut donner encore, au besoin, de courtes explications.
Étape 5 : La clôture ou objectivation et l’entrainement
Avant d’introduire l’objectif d’apprentissage suivant ou un nouveau thème, l’enseignant synthétise, avec l’aide éventuelle des élèves, ce qu’il faut retenir et précise à nouveau les enjeux de l’évaluation sommative future.
Il annonce de manière très brève la prochaine séance, un quiz, ticket de sortie ou une évaluation formative. Il indique les tâches ou la production à faire à la maison qui contribueront elles aussi à consolider les apprentissages et à favoriser l’automatisation.
Le travail à réaliser à la maison est toujours un réinvestissement de ce qui a été appris et maîtrisé en classe. Il est pensé pour éviter le risque d’augmenter les inégalités entre élèves.
Cette dernière étape prend en compte la nécessité de révisions et d’opportunités de récupérations espacées et suffisamment nombreuses pour développer des apprentissages durables.