Un modèle de co-régulation des apprentissages (Allal)
Linda Allal (2007, 2015, 2020) propose un modèle à quatre niveaux d’organisation contextuelle des régulations pour un apprenant :
Les régulations liées à la structure de la situation d’enseignement/apprentissage
Les régulations liées aux interventions de l’enseignant et à ses interactions avec les apprenants
Les régulations liées aux interactions entre apprenants.
Les outils.
L’apprenant participe à la situation d’enseignement/apprentissage. Il est soutenu par ces trois sources de régulations emboitées. Les processus d’autorégulation chez l’apprenant sont situés au centre du modèle. Il y a une quatrième source de régulation (les outils) qui peut intervenir à chacun des niveaux, mais aussi aider à relier les niveaux entre eux.
Le modèle n’aborde pas d’autres sources de régulation, plus englobantes, qui peuvent influencer la structure des situations mises en œuvre en classe. Ce sont, par exemple, la concertation entre collègues, l’organisation du travail au sein de l’établissement, le curriculum du système scolaire, ou les évaluations extérieures.
Le premier niveau porte sur la structure des situations d’enseignement/apprentissage. Il considère :
Les objectifs annoncés
Les tâches (consignes, matériel) proposées aux élèves
L’agencement des activités dans le temps et dans l’espace
Les articulations entre activités collectives, individuelles et en petits groupes.
Les contenus choisis, leur formulation et leur formatage
Les supports fournis. Ce niveau implique une régulation.
Au deuxième niveau, les interventions de l’enseignant permettent des ajustements de la structure de la situation d’enseignement/apprentissage au cours de son déroulement. Les ajustements peuvent concerner la classe dans son ensemble ou seulement certains individus (interventions différenciées).
Dans ses interactions avec les élèves, l’enseignant :
Fournit de la rétroaction
S’engage dans des formes d’étayage
Mène un dialogue formatif en groupe classe
Adapte l’enseignement en fonction des besoins identifiés auprès des apprenants.
Le troisième niveau est lié aux interactions entre apprenants. Cette régulation est liée aux relations entre la structure des situations et la dynamique interactive instaurée par les participants. Il peut s’agir d’interactions opérant dans le cadre de travaux de groupes, de phases de tutorat ou encore de démarche d’évaluation formative entre pairs. Ces interactions qui sont sources de régulation des apprentissages.
Au centre du modèle, nous trouvons les processus d’autorégulation de l’apprenant qui prennent en compte les dimensions cognitive, métacognitive, affective et sociale.
Les outils constituent une quatrième source de régulation qui assure des liens entre les différents niveaux. L’enseignant propose des outils (didactiques, d’évaluation) aux apprenants et peut aussi construire des outils, ou adapter des outils existants, en interaction avec les élèves. Les outils ont pour rôle d’assurer la cohérence des régulations relevant de différents niveaux.
Par exemple, une grille d’évaluation peut être un outil de clarification à différents niveaux qui :
Spécifie les objectifs d’apprentissage, les conditions et les critères
Permet d’animer une discussion avec toute la classe pour aider les élèves à bien comprendre les enjeux d’apprentissage
Peut être utilisée lors d’évaluations mutuelles entre pairs
Peut soutenir le processus d’autoévaluation de l’élève
D’autres outils peuvent aussi soutenir les régulations interactives en rendant pour l’élève :
Les objectifs d’apprentissage et les critères de réussite plus explicites
Des exemples de productions
Le suivi des progrès plus systématique
Les interactions plus formelles.
Les outils peuvent également être utiles aux enseignants en enregistrant des traces d’évaluation des élèves qui peuvent être utilisées pour réguler les activités ultérieures et planifier de nouvelles activités d’apprentissage.
La structure de la situation, les interventions de l’enseignant, les interactions avec d’autres élèves et les outils utilisés sont susceptibles de déclencher ou d’orienter les processus d’autorégulation. Toutefois, ce sont ces processus qui assurent, in fine, la progression de l’apprentissage.
L’apprentissage en situation scolaire dépend toujours d’un processus de co-régulation entre les sources de régulation contextuelles et les mécanismes d’autorégulation chez l’apprenant.