Une analogie entre les niveaux de rétroaction et les théories de la compréhension de textes
Les théories de la compréhension de texte se conceptualisent comme un processus qui nécessite la représentation d’un texte sur plusieurs niveaux (Graesser, Millis, & Zwaan, 1997).
Elles s’intéressent aux représentations de sens qui sont construites lorsque des individus lisent des textes écrits.
Ces théories font souvent la distinction entre trois niveaux de représentation :
Le niveau de surface :
Les mots spécifiques et la syntaxe utilisés dans un texte, il s’agit du traitement des expressions de référence.
La base de données textuelles :
Une représentation abstraite des idées et de leurs liens dans le texte, la connexion se fait avec le texte.
Le modèle de situation référentielle :
Une interprétation personnelle du texte par le lecteur qui inclut souvent des connaissances préalables, il y a un encodage des inférences réalisées.
Les lecteurs exécutent ces processus dans le but d’obtenir une cohérence aux niveaux local et global et d’expliquer pourquoi l’information est mentionnée dans le texte.
Selon ces théories, c’est le modèle de situation référentielle qui reflète la compréhension profonde et favorise le transfert des connaissances.
Nous pouvons faire une analogie avec la rétroaction reçue après que l’élève a préalablement tenté de répondre à une question en allant rechercher des informations dans sa mémoire à long terme :
Le niveau de surface :
Si l’élève lit la rétroaction de l’enseignant et en reste au niveau de surface, il comprendra ce que dit l’enseignant à propos de son travail. Il connaitra l’avis de l’enseignant, mais cela ne l’aidera pas nécessairement à progresser. Ainsi lorsque les élèves lisent la rétroaction, nous ne pouvons rien préfigurer d’un impact positif éventuel.
C’est le retour d’information correctif qui informe les élèves sur la qualité de leur production.
La base de données textuelles :
L’élève va faire le lien entre le contenu de la rétroaction et la qualité de sa production spécifique à laquelle elle se rapporte. La rétroaction qui donne la réponse corrective est alignée sur la base de données textuelle et ne va mener à une amélioration que si les mêmes questions sont répétées. L’élève peut comprendre son erreur dans le contexte particulier de la question posée. Si ce niveau est souhaitable, il n’est pas suffisant. Même si un élève comprend l’erreur qu’il a faite, nous voulons qu’il ne la répète plus dans des contextes similaires à l’avenir.
C’est le retour d’information directif qui informe les élèves sur la manière de mieux réaliser les tâches concernées.
Le modèle de situation référentielle :
L’élève comprend l’erreur qu’il a faite et l’extrait de son contexte pour inférer des implications pour différentes tâches similaires. Cela suppose que l’élève extrait une information de la rétroaction et l’exploite dans des contextes similaires et différents de la tâche d’origine, ce qui permet un apprentissage, une élaboration et un transfert.
C’est le retour d’information épistémique (ou explicatif) qui aide les apprenants à apprendre/acquérir des connaissances.
La rétroaction joue pleinement son rôle quand elle est épistémique et aide les apprenants à améliorer leur modèle de situation référentielle et à atteindre une compréhension plus profonde.
Un modèle de situation référentielle plus développé permet un meilleur transfert des connaissances vers de nouvelles questions d’inférence.