Une checklist pour la vérification de la compréhension en enseignement explicite
Certains aspects d’une pratique complexe et diversifiée comme la vérification de la compréhension peuvent sembler au départ contre-intuitifs. Ce n’est qu’à travers l’expérience sur le terrain qu’elles deviennent des évidences et s’enrichissent.
La vérification de la compréhension est l’un des facteurs les plus essentiels de l’enseignement explicite, sans lequel il perd une grande partie de sa substance. La vérification de la compréhension promeut l’activité cognitive de l’élève, son engagement et sa motivation. Elle rend l’enseignement réactif et elle permet de concrétiser l’idée d’une évaluation soutien d’apprentissage dès le début de l’enseignement.
L’idée de la checklist est de fournir à des enseignants qui souhaitent adopter la technique, un ensemble d’éléments clés qui en favorisent à la fois la pérennité, la fidélité la maitrise et le succès. En effet comme toutes les pratiques efficaces mises en évidence par la recherche, c’est une application sur le terrain qui en respecte la fidélité qui permet de générer des bénéfices.
Toutes les transformations non conformes sont susceptibles de devenir des mutations létales pour son efficacité. Il convient donc de s’en prémunir.
Voici donc une proposition, encore en développement, de checklist destinée à accompagner des enseignants dans l’acquisition de la vérification de la compréhension.
Elle se destine dans sa conception à des enseignants du secondaire et est susceptible d’être améliorée et permet une autoévaluation et une autorégulation.
L’enjeu est de l’utiliser dans le cadre d’une formation distribuée dans le temps. Nous devons imaginer que des enseignants ont suivi une formation en présence ou de manière asynchrone aux principes et à l’application de la vérification de la compréhension.
Pour préparer la rencontre suivante, ils remplissent un questionnaire qui leur permettra de mieux situer leurs forces et les difficultés rencontrées. Le document sert de support de discussion pour l’évaluation, le partage et la rétroaction.
Items considérés :
J’ai mis en place un système de tirage au sort pour interroger au hasard ou par des démarches intentionnelles je m'assure que tous les élèves participent et sont engagés dans le cours.
Je laisse suffisamment de temps aux élèves pour réfléchir à la réponse avant de désigner quelqu’un.
J’ai augmenté le nombre de questions que je pose et leur fréquence.
Je ne pose de questions par ce biais que sur ce que j’ai enseigné précédemment.
Les élèves ont compris et apprécient le système.
Je vois un changement positif au niveau de l’engagement et de l’attention des élèves.
J’ai un système pour ne pas devoir imaginer les questions au fur et à mesure.
Si un élève ne sait pas répondre, j’en interroge un autre avant de revenir vers lui, il ne peut esquiver.
Je fais régulièrement des questions de rebond (demander à un élève de reformuler la réponse d'un autres élèves).
Je m’assure que l’élève utilise le vocabulaire attendu, et prenne le temps de répondre sous forme de phrase(s) complète(s).
J’ai échangé et collaboré avec mes collègues pour la mise en place de l’approche.
Je m’en sers pour consolider l’apprentissage de certaines notions d’un cours à l’autre.
En cas d’erreur ou d’incompréhension, je m’assure de tout réexpliquer et qu’ils aient compris.
Je me sers de la technique pour ralentir et accélérer mon cours en fonction des besoins.
Je préviens les élèves qu’ils peuvent lever le doigt quand il s’agit de questions de dépassement*.
Il s’agit d’une technique que je souhaite adopter durablement et qui est utile pour mes cours.
* : La question de dépassement ne porte pas sur un savoir ou savoir-faire qui a été enseigné. Elle est soit un prolongement de la matière en cours, porte sur des connaissances préalables non réactivées, ou se réfère à la culture générale ou à un intérêt personnel de certains élèves.
Le nombre d’items pourrait être enrichi très largement pour la vérification de la compréhension, car la pratique de la vérification de la compréhension est riche. Il y aurait peut-être lieu d’imaginer une seconde checklist à un niveau plus expert incluant l’usage d'ardoises effaçables, du taux de participation, du visualiseur, du dialogue formatif, du think/pair/share ou de la circulation en classe.
Des checklists similaires pourraient être imaginées pour les devoirs, la pratique de récupération, le modelage, la pratique guidée ou encore la pratique autonome.