Une perspective naturaliste en éducation et ses limites
Selon Van Dalen et Bennett (1971), le naturalisme en éducation a commencé avec Rousseau. Rousseau a voulu mettre à nu des abus en éducation, et mettre en lien la relation entre l’éducation et le bien-être de l’homme.
Dans la perspective du naturalisme en éducation, toute chose doit s’harmoniser avec la nature. L’éducation naturelle vise à libérer le jeune de tout esclavage. Elle vise à développer chez l’individu toutes les puissances de sa nature et ses tendances naturelles.
Le projet éducatif de Rousseau vise à protéger la bonté naturelle de l’enfant, le garder pur et éviter toute contamination et tout esclavage que peut causer la société. Rousseau (1762) énonce que « tout ce qui vient de l’auteur de la nature est bon, mais tout dégénère dans les mains de l’homme ».
L’idée est qu’une telle éducation aide l’homme à s’adapter à un milieu qui change constamment. Cette vision s’oppose à l’idée de faire atteindre par les enfants des objectifs moraux et intellectuels le plus rapidement et le plus tôt possible.
Comme l’écrit Appy (2011), dans le cadre du naturalisme éducatif, il s’agit de croire que les apprentissages scolaires se font de manière naturelle et implicite. L’école ne serait là que pour créer les conditions environnementales propices.
Le naturalisme est donc la croyance selon laquelle l’enfant acquiert les apprentissages scolaires par un processus naturel, selon des formes et des rythmes qui lui sont propres.
Ces acquisitions sont efficaces uniquement si elles sont en relation avec les objectifs de la vraie vie. L’enseignement scolaire doit se faire sur le modèle de l’apprentissage de la langue maternelle, selon un processus naturel.
Toutefois, les travaux de Geary (2008) sur la théorie psychologique évolutionniste ont montré clairement que les apprentissages scolaires se faisaient d’une autre manière que les apprentissages naturels.
Geary distingue deux types d’apprentissages :
Ceux qu’il nomme biologiquement primaires, tels qu’apprendre à marcher, à parler, à reconnaître les visages ; ils se font de manière inconsciente et procurent des avantages immédiats.
Ceux qu’il nomme biologiquement secondaires, les apprentissages scolaires, culturels, artificiels, tels que la lecture, l’écriture ; ceux-là ne peuvent se faire de manière inconsciente et facilement, ils se font au prix d’efforts, de motivation extrinsèque et par une transmission de la part de quelqu’un qui les possède. Il procure des avantages décalés dans le temps.