Apporter de l’aide et circuler stratégiquement durant la pratique autonome en enseignement explicite
Dans le cadre de l'enseignement explicite, la pratique autonome succède au modelage et à la pratique guidée.
Dans ce cadre, surveiller et suivre le travail des élèves en classe s'avère plus productif que de laisser les élèves travailler sur leurs tables sans supervision. Il existe une relation positive entre la supervision active assurée par l’enseignant et le succès dans la gestion de classe, particulièrement lors de la pratique autonome.
Un moment crucial en gestion de classe est celui où l’enseignant lâche prise, après le modelage et vers la fin de la pratique guidée, lorsqu’il demande à ses élèves de travailler en autonomie.
Nous devons bien évidemment, de prime abord nous être assurés, au terme de la pratique guidée, d’avoir un taux de réussite suffisamment élevé dans les tâches d'apprentissage.
Lors de la pratique autonome, l’enseignant sera amené à circuler aléatoirement en classe ;
Pour surveiller la mise au travail
Pour apporter une aide individuelle aux élèves qui en manifestent le besoin.
Afin de favoriser l’engagement des élèves, nous devons vérifier régulièrement l’engagement et l’état d’avancement du travail de chacun.
L’enseignant doit constamment s’assurer que tous les élèves sont à l’œuvre et en mesure d’effectuer le travail demandé. En circulant dans la classe lors de la pratique autonome, l’enseignant vérifie régulièrement l’état d’avancement de chaque élève (pas uniquement de ceux qui le lui demandent). Si l’enseignant ne veille pas à effectuer cette supervision immédiate, certains élèves ne se mettront pas au travail, perdront du temps, prendront un mauvais départ.
La supervision de l’état d’avancement des travaux permet à l’enseignant d’identifier les élèves qui rencontrent des difficultés. Il peut également renforcer les autres élèves et les encourager à maintenir le cap. De cette façon, l’enseignant peut offrir une rétroaction corrective et les élèves peuvent progresser sans que des comportements inadéquats liés au désengagement de la tâche apparaissent. Dans tous les cas, l’enseignant doit pouvoir s’assurer que les élèves réalisent les tâches avec succès.
Les contacts avec l'enseignant au cours du travail individuel font croitre l’engagement des élèves et diminuent leur temps hors travail. Les comportements inappropriés doivent être gérés rapidement afin d’éviter qu’ils se répandent et deviennent habituels.
La quantité d’aide demandée et fournie individuellement à certains élèves est un facteur crucial. Si trop d’aide est requise, cela peut signifier que la pratique guidée aurait dû être prolongée ou que les consignes des tâches demandées n’ont pas été suffisamment explicitées.
Pour gérer de façon adéquate l’aide apportée aux élèves, nous pouvons respecter les consignes suivantes (d’après C. M. Charles, 1996) :
Organiser la disposition de la classe pour que l’enseignant rejoigne facilement les élèves.
Utiliser des rappels écrits, comme des modèles, des schémas, des exercices résolus ou des organisateurs graphiques qui fournissent les consignes et des exemples de résolution clairs :
Ces rappels sont situés de façon à être facilement consultés par les élèves avant qu’ils n’appellent l’enseignant.
L’enseignant renvoie vers ces outils plutôt que de donner lui-même l’explication dans un premier temps.
Réduire au strict minimum le temps utilisé pour l’aide individuelle :
De cette façon, l’enseignant peut répondre à la plupart des questions rapidement. Les élèves perdent moins de temps à attendre l’enseignant et ils se remettent plus rapidement au travail.
Il est conseillé de ne pas dépasser les 20 secondes par élève. Par conséquent, il faut appliquer la procédure suivante qu’on peut résumer en « soyons positifs, brefs et partons. » :
Nous trouvons rapidement ce que l’élève a fait correctement et le mentionnons favorablement
Nous donnons ensuite un indice qui aidera l’élève à continuer
Nous nous éloignons prestement.
La circulation rapide de l’enseignant permet une meilleure supervision du travail fait par les élèves qui ne lèvent plus leur main. L’enseignant vérifie régulièrement l’état d’avancement du travail de chaque élève.
Lorsque l’enseignant doit aider un élève particulier plus longtemps (plus d’une ou deux minutes), il vaut mieux pouvoir continuer à être vigilant. L’enseignant peut demander à l’élève de quitter sa place et de l’accompagner vers un endroit stratégique d’où il pourra observer aisément toute la classe.
Si plusieurs élèves semblent en difficulté, ils deviennent susceptibles de basculer vers un comportement hors tâche. L’enseignant interrompt la pratique autonome et donne des explications à tout le groupe classe. L’enseignant s’assure ensuite que les élèves ont bien compris les consignes avant de recommencer à travailler individuellement afin d’éviter les problèmes de comportement.
Le fait de circuler dans la classe est une pratique à encourager. Les contacts avec les enseignants au cours du travail individuel font croitre d’environ 10 % le taux d’engagement des élèves (Rosenshine, 1986), ce qui est susceptible d’influer positivement sur leurs apprentissages et sur leurs résultats.
Même lorsque tous les élèves semblent bien occupés à travailler, l’enseignant maintient son attention et circule régulièrement dans la classe afin de s’assurer que tous les élèves sont effectivement centrés sur la tâche.
Steve Bissonnette et Clermont Gauthier évoquent le principe d’un contrôle par le toucher. C’est le fait de toucher le dossier de la chaise de l’élève ou de poser la main sur le banc pour s’appuyer lorsque nous vérifions le travail écrit en cours de l’élève. Cela peut suffire pour rediriger l’élève vers la tâche à réaliser. Toutefois, cette intention de proximité mérite d’être évitée lorsque l’enseignant ou l’élève sont passablement énervés, en colère ou en conflit.