Clarifier le recouvrement flou entre évaluation formative et sommative
La fonction sommative de l’évaluation aboutit généralement à un jugement posé à un moment donné sur un apprentissage qui a eu lieu et a été l’objet d’un enseignement durant une période définie.
La fonction formative de l’évaluation est réservée aux situations où le processus d’évaluation informe en retour l’apprentissage en cours. Cette information éclaire l’enseignant sur l’impact de son enseignement et l’élève sur l’efficacité de ses démarches d’apprentissage.
Bien que le processus d’évaluation formative implique également un processus informel de jugement, le but des observations formatives n’est pas de noter ou de certifier l’apprenant. Il s’agit d’aider l’apprenant et l’enseignant à se concentrer sur l’apprentissage particulier nécessaire pour progresser vers la maîtrise et vers une réussite lors de l’évaluation sommative.
Les fonctions superposées et parfois contestées de l’évaluation formative et sommative sont une mêlée conceptuelle. Selon Black (1998), les deux fonctions sont les deux extrémités du même spectre.
Cette intégration parait d’autant plus inévitable lorsque nous considérons le processus cognitif de l’apprentissage. En effet, si une seule mesure « sommative » peut mesurer une performance, un apprentissage est lui dépendant de la réussite à plusieurs évaluations distribuées dans le temps.
En même temps, il est difficile qu’une même tâche d’évaluation serve à la fois pleinement un objectif formatif et sommatif :
Mesurer un apprentissage n’est pas la même démarche que le fait de diagnostic la nature de certaines difficultés, dès lors, la conception formative et sommative peuvent diverger.
De plus, une note chiffrée quantitative, dans sa fonction sommative, pourrait masquer l’attention des élèves sur l’objectif formatif du retour d’information.
Lors d’une évaluation sommative intermédiaire, nous mesurons une performance à un moment donné, mais pas un apprentissage durable. C’est pourquoi il peut être intéressant de supprimer l’évaluation sommative intermédiaire dans sa dimension quantitative au profit d’une évaluation à dominante formative qui délivre une rétroaction informative. De plus, une évaluation formative peut valider qualitativement à un moment donné une performance face à certains objectifs d’apprentissage et cette information peut elle-même avoir une valeur d’un point de vue sommatif.
Le danger est que l’évaluation formative est remplacée par une évaluation sommative à laquelle on ajoute des informations de retour. Cela indique la primauté de l’évaluation, le retour d’information servant d’adjuvant à l’objectif dominant de la notation sommative. Le fait de conserver les notes chiffrées dans cette perspective n’a pas de sens, car elle ne tient pas compte de la marge de progrès dont l’élève dispose encore. De plus, si la rétroaction sert uniquement à justifier la note, nous pouvons soutenir que la fonction formative est limitée, même pour l’élément de rétroaction.
C’est tout l’enjeu du modèle la note constructive qui entend combiner les fonctions sommative et formative grâce à une grille critériée qui devient le support de la rétroaction. Elle permet de valider des apprentissages à un moment donné tout en fournissant une rétroaction à autre valeur informative. Elle laisse aux élèves la possibilité de réagir et à l’enseignant l’opportunité d’adapter son enseignement.