Combiner et contraster les fonctions formative et sommative de l’évaluation
Il est possible dans le cadre de la recherche d’établir des distinctions théoriques claires entre les aspects formatifs et sommatifs de l’évaluation. Malheureusement, pour les enseignants sur le terrain, ces distinctions abstraites sont souvent aux mieux inutiles, au pire contre-productives.
Les fonctions formative et sommative de l’évaluation sont à la fois dissemblables et complémentaires. Ces différencespeuvent être considérées dans une perspective pédagogique :
L’évaluation sommative :
Elle vise à établir une note au terme des apprentissages. Cette note est une mesure approchée de leur qualité et de leur quantité. Toute une réflexion doit être menée pour assurer sa validité et sa fiabilité.
La note peut être plus ou moins informative :
Lorsqu’elle s’élabore dans la perspective d’un alignement curriculaire, en référence à des objectifs d’apprentissage combinés à des critères de réussite, elle peut être riche en informations. On parle de note constructive.
Lorsqu’elle ne vise qu’à classer les élèves et à établir leur réussite face à une note limite, elle se révèle pauvre en informations. On parle de note normative.
Elle est fonction des finalités de l’éducation :
Dès lors, le fait de se centrer sur des compétences spécifiques dans le cadre d’un enseignement explicite ou sur des compétences générales dans le cadre d’une approche constructiviste ne l’affecte pas nécessairement.
Le résultat de l’évaluation sommative compte plus que la méthode pédagogique utilisée.
L’évaluation formative :
Elle n’est pas une évaluation de l’apprentissage, mais d’une évaluation pour l’apprentissage.
Bien qu’appuyée par des données probantes mettant en évidence son efficacité, elle n’est pas toujours aisée à mettre en œuvre par les enseignants.
Elle porte sur les méthodes pédagogiques, car elle fait partie directement des processus d’enseignement et d’apprentissage.
Elle aboutit à une rétroaction en référence aux objectifs d’apprentissage, ce qui permet d’informer à la fois l’enseignant et l’élève sur la manière de réduire les écarts par la suite.
La confrontation entre les fonctions sommative et formative n’est pas sans poser des difficultés :
Premièrement, donner une double dimension à la fois formative et sommative à une même évaluation peut se révéler parfois contre-productif. L’évaluation formative ne peut pas prendre également la forme d’une évaluation normative dans le cadre d’enjeux élevés. Au contraire, elle gagne à reposer sur des diagnostics à faibles enjeux qui génèrent une rétroaction ciblée.
Deuxièmement, un facteur d’inefficacité est que certains commentaires délivrés par les enseignants peuvent être pauvres et se concentrer sur ce qui est déficient dans la production de l’élève plutôt que sur la manière de l’améliorer.
Troisièmement, l’impasse vient également du fait que souvent, les élèves ne peuvent pas passer à nouveau une évaluation sommative pour améliorer leurs résultats. Ils peuvent également ne pas prendre en compte la rétroaction qui leur est délivrée.
Quatrièmement, lorsque les enseignants sont sous la contrainte unique d’une évaluation finale officielle, ils se retrouvent souvent sous la pression du résultat. Ils peuvent ne pas intégrer les démarches de l’évaluation formative. Ce faisant, ils risquent de se retrouver à enseigner pour que leurs élèves réussissent ces tests sommatifs.
Cinquièmement, les enseignants peuvent être incités à avoir recours à l’évaluation sommative pour faire augmenter les résultats de leurs élèves aux tests. Il y a l’idée de les motiver à travailler pour des points (points = salaire). Les points des différentes épreuves sommatives sont additionnés et agglomérés en une moyenne. L’idée d’évaluation formative est alors dévoyée.
La combinaison des fonctions sommative et formative est un challenge :
Dans la perspective de l’évaluation soutien d’apprentissage, les deux fonctions formative et sommative devraient se recouvrir largement. L’idée serait de passer d’une forme à l’autre d’évaluation de manière fluide. Idéalement, la conception devrait être qu’une fonction sommative soit finement associée à une fonction formative pour permettre d’arriver à de meilleurs résultats d’apprentissage.
Conjuguer les dimensions formative et sommative de l’évaluation est un enjeu d’importance, car on ne peut pas démultiplier les évaluations formelles au détriment du temps consacré à l’enseignement et à l’apprentissage. Dès lors, de manière pragmatique, les deux fonctions gagnent à se recouvrir en grande partie, ce qui représente un défi bien réel.
Nous pouvons poser deux conditions à ce recouvrement :
La première condition est que l’évaluation sommative génère une note constructive et ne vienne pas simplement clôturer l’enseignement.
La seconde condition est que les dimensions formatives doivent également être préservées dans le recouvrement. Il doit intégrer le rôle que les pairs doivent jouer dans le soutien mutuel et la responsabilisation des élèves face aux apprentissages.