Des biais liés à l'exercice de la vigilance en classe
De nombreux enseignants ne parviennent pas à tirer pleinement parti de l’attention non contingente pour changer le climat et les conditions d’apprentissage de la classe. Ils peuvent cibler un comportement particulier par une attention contingente, mais une vue d’ensemble et suffisamment de recul sur ce qui se déroule dans la classe peut leur échapper. Ils peuvent présenter un défaut de vigilance.
Dans ses observations en classe, Mary Alice White (1975) a constaté que pour ce qui est des contenus scolaires, les enseignants répondent bien plus fréquemment à des performances scolaires correctes qu’à de mauvaises performances. Ils vont souligner les bonnes performances assez naturellement par du renforcement positif et peu réagir aux mauvaises performances. L’accent est mis sur les atteintes des objectifs d’apprentissage.
Par contre, ces mêmes enseignants ne vont pas avoir le même mode de réaction en ce qui concerne le comportement social de leurs élèves. Les déclarations de désapprobation du comportement social sont toujours plus fréquentes que les approbations. Les enseignants vont réagir quand les élèves ne se comportent pas comme ils le souhaitent lorsque cela est nécessaire, mais ils vont assez rarement renvoyer du renforcement positif lorsque les élèves se comportent mal.
Depuis les études de White dans les années 1970, les recherches ultérieures ont mis en évidence cette constante générale. Le comportement scolaire adéquat des élèves a plus de chances d’attirer l’attention positive de l’enseignant qu’un comportement social approprié. En outre, les enseignants réagissent beaucoup plus fréquemment aux comportements sociaux inappropriés qu’aux comportements appropriés (Beaman et Wheldall, 2000).
Le comportement scolaire et le comportement social semblent perçus par les enseignants comme deux dimensions relativement indépendantes. Cela met en évidence deux biais importants :
Un élève qui n’adopte pas un comportement scolaire adéquat et qui se désinvestit est susceptible de passer inaperçu un temps certain.
Un élève qui fait des efforts au niveau de son comportement social en classe ne sera pas remarqué par l’enseignant et ne bénéficiera pas d’un soutien de sa part.
Le fait que les enseignants accordent plus d’attention aux mauvais comportements sociaux a pour conséquence que leur attention peut, sans le savoir, maintenir ou augmenter ces mauvais comportements. C’est particulièrement pour les profils d’élèves qui recherchent l’attention de l’enseignant.
Le fait que les enseignants accordent peu d’attention aux mauvais comportements scolaires (désengagement, procrastination, inattention, etc.) a pour conséquence que leur manque d’attention peut laisser s’accumuler des difficultés. Cela peut permettre aux élèves concernés de développer des habitudes contreproductives en classe. C’est particulièrement pour les profils d’élèves qui sont dans des stratégies d’évitement en classe.
Par conséquent, il est important de mettre l’accent, à l’échelle de l’école, sur la vigilance de l’enseignant sur le renforcement des comportements sociaux en amélioration. De même, l’attention doit porter sur les comportements scolaires déficients de certains élèves, tout au long des cours. Cela peut améliorer les interactions entre les élèves et le personnel, un engagement actif dans les apprentissages et un sentiment d’appartenant, et par conséquent, avoir un impact positif sur le climat scolaire.