Des croyances qui limitent l'usage de la pratique de récupération
La pratique de récupération n’est bénéfique que si nous la réalisons réellement.
Pourquoi la pratique de récupération n’est-elle pas une stratégie cognitive très largement utilisée en classe par les enseignants et à domicile par les élèves pour soutenir l’apprentissage ?
Malheureusement, certains éléments indiquent que les élèves ou les étudiants tendraient à voir d’un mauvais œil les tests.
1. Les enseignants peuvent décider de limiter le nombre de tests formatifs qu’ils utilisent dans leurs cours. Leur organisation coûte non seulement du temps de classe, de même que du temps de travail en matière de préparation des questions et de correction de ceux-ci en dehors. À ce temps de travail s’ajoute aussi celui nécessaire pour fournir une rétroaction aux élèves.
2. Certains pédagogues affirment que les tests en classe devraient être minimisés, de sorte que du temps disponible pour l’apprentissage ne soit pas inutilement consommé et puisse être dédié à des tâches de plus haut niveau. Cependant, si les élèves n’ont pas maîtrisé la connaissance de base du sujet, ils n’ont aucune chance de penser de manière critique et créative sur le sujet. Les tests peuvent aider les élèves à acquérir cette connaissance et permettre des activités plus exigeantes qui demandent déjà un certain niveau de maîtrise.
3. Le manque de popularité de cette approche au niveau des méthodes de travail privilégiées par les élèves n’est pas surprenant. Ils n’ont pas tendance à se livrer volontairement ou naturellement à des activités d’apprentissage difficiles, même si ces activités peuvent améliorer l’apprentissage.
4. En ne mobilisant pas la pratique de récupération, les élèves peuvent être victimes d’illusions de compétence, estimant que leurs performances futures seront plus importantes qu’elles ne le seront en réalité. Différentes enquêtes, renseignées par Vaughn et Kornell (2019), ont montré que de nombreux étudiants déclarent ne pas se tester lorsqu’ils étudient. De même, des études expérimentales montrent qu’ils considèrent une nouvelle étude comme plus efficace que de s’évaluer. Relire pour étudier est une action facile et qui semble faussement efficace.
La pratique de récupération est nettement sous-estimée par rapport aux stratégies d’études les plus favorisées par les élèves. Il s’agit pour eux de souligner, de faire des résumés ou de relire leurs notes ou leurs manuels scolaires. Pour ces approches ont été mis en évidence les risques d’illusions de compétence. De plus, elles ne favorisent pas une mémorisation à long terme. La pratique de récupération brise ces illusions de compétences, ce qui n’est pas agréable. Si les étudiants privilégient la ré-étude plutôt que les tests, cela peut nuire à leur propre apprentissage.
5. La recherche montre que la mémorisation sera meilleure lorsque les apprenants continuent à s’évaluer de manière distribuée au-delà d’un premier rappel correct. Pour stimuler leurs apprentissages, l’enjeu est par conséquent de motiver les apprenants à vouloir s’évaluer.
Cependant, les élèves n’ont pas conscience du lien entre les méthodes qu’ils emploient pour étudier et le taux d’oubli et la rapidité de ce dernier. Ils ne perçoivent pas l’efficacité supérieure de l’entrainement à la récupération dans ce domaine :
Si les élèves se testent pendant leur étude, il est probable qu’ils le font pour évaluer ce qu’ils ont ou n’ont pas retenu, plutôt que pour améliorer leur rétention à long terme en pratiquant la récupération.
En fait, les élèves et les enseignants partagent généralement la croyance selon laquelle, si l’information peut être rappelée de mémoire, elle a été apprise et peut être retirée de la pratique.
De cette façon, les élèves tendent à concentrer leurs efforts sur ce qui n’est pas encore acquis.
Les recherches montrent ainsi que les élèves ont tendance à laisser tomber la révision d’informations lorsqu’ils pensent s’en souvenir.
Cette croyance est fausse : même après que des informations peuvent être rappelées de mémoire, l’élimination de ces informations de la pratique de récupération réduit considérablement leur rétention à long terme.