Du bon usage de l'apprentissage par cœur
Lors de la correction d’une évaluation ou de questions orales, un enseignant peut parfois faire un constat amer. Certains élèves ont certes étudié des définitions ou des synthèses qu’ils ont eux-mêmes réalisées, parfois à l’aide de flashcards, mais sans vraiment parvenir à atteindre une compréhension en profondeur et intégrée.
Une démarche risquée que peuvent adopter certains élèves qui rencontrent des difficultés de compréhension dans une matière donnée est de ne pas demander de l’aide, mais plutôt se contenter d’une étude par cœur, au mot près. Ils apprennent une matière comme on étudierait une série de poèmes déconnectés les uns des autres.
De fait, les élèves qui adoptent cette stratégie vont sembler régurgiter les contenus, parfois à mauvais escient ou de manière inadaptée, à côté de la question. De même dès que le contexte de la question se différencie un minimum et demande une application ou un transfert, ils deviennent incapables d’appliquer ces connaissances ou de poser un regard critique sur leurs productions. Bref, leur apprentissage semble superficiel et très fragile.
Les élèves qui se contentent d’adopter une technique d’étude par cœur risquent de se concentrer sur la forme, sur l’enveloppe des connaissances, sur les sonorités, au détriment du fond, de l’intégration et de la compréhension. Ils se retrouvent à faire fi du sens profond et se focalisent uniquement sur l’aspect physique et statique de la mémorisation qui monopolise leurs ressources mentales limitées.
Du coup, ces élèves ne peuvent ni expliquer, ni appliquer et certainement pas transférer aisément ces connaissances pourtant efficacement apprises par cœur.
Cette étude par cœur est propice aux incohérences, aux inversions et aux non-sens que nous retrouvons dans les productions ou les réflexions de ces élèves. Ne comprenant pas ce qu’ils ont étudié, certains élèves deviennent eux-mêmes incapables de repérer l’inanité, la confusion ou l’absurdité de certaines de leurs réponses. De plus comme ces connaissances apprises sont peu connectées à d’autres connaissances préalables, elles deviennent très sensibles à l’oubli ou aux interférences. Ce type d’apprentissage par cœur est coûteux, peu flexible et peu durable.
Tout ceci se fait au grand dam des ambitions et intentions de l’enseignant concerné. La compréhension et la fonctionnalité des apprentissages paraissent médiocres. L’enseignant peut se demander s’il a vraiment enseigné ou s’interroger sur l’origine de ce problème.
Cette démarche que manifestent certains élèves est vécue comme une sorte d’épouvantail qui refait surface de temps à autre. Elle peut être ressentie parfois comme une impasse pour les enseignants. Ils ont tout tenté, mais l’élève s’est engagé dans ce qui lui semblait un raccourci, mais n’est en réalité qu’une impasse. Il s’agit d’un dysfonctionnement résolument non souhaitable.
Les enseignants ne veulent pas former des perroquets qui ânonnent sans apprendre. Les élèves dans la mesure où ils consacrent un temps certain à étudier espèrent du moins que cela ne sera pas en vain pour le long terme.
Lorsqu’un élève adopte ce type de stratégie, il a lieu de s’interroger sur le pourquoi. S’agit-il d’un manque de compréhension ou de la méconnaissance de stratégies cognitives plus appropriées ?
Nous devons nous demander quelles pratiques et approches peuvent atténuer cette situation. Étudier par cœur n’est pas un mal en soi, c’est une démarche à adopter en ordre utile :
S’approprier les objectifs d’apprentissage
Repérer à quels éléments concrets du cours ils correspondent.
Établir une compréhension profonde de ces éléments.
Déterminer quels sont les éléments qui justifient une étude par cœur : vocabulaire, règles, liens ou étapes.
Étudier par cœur ces éléments sélectionnés en les reliant entre eux.
S’entrainer à récupérer les contenus en élaborant des réponses associant compréhension et éléments étudiés par cœur.