Enseignement explicite et apprentissage actif
Il est intéressant de s’intéresser à l’apport des sciences cognitives sur la notion d’apprentissage.
Un premier apport essentiel des sciences cognitives est qu’un apprentissage ne peut être qu’actif. Dès lors, il n’y a pas d’apprentissage passif qui puisse exister. Il y a un consensus sur le fait qu’apprendre pour un élève lui demande d’être en activité. Cette forme d’activité impose l’établissement d’un traitement cognitif. Celui-ci se traduit à travers des échanges entre l’élève et son environnement d’apprentissage, soit sous la forme d’un support ou d’un enseignement qui lui est prodigué.
L’élève a besoin d’une forme d’interaction qui lui impose périodiquement de générer une forme de réponse ou une production qui seront vérifiées. Sans cela, il est peu probable que le traitement cognitif dans lequel s’engage un élève perdure et aboutisse automatiquement à une compréhension approfondie ou complète et par la suite à un apprentissage.
La question porte sur la nature et le forme de la mise en activité des élèves optimisant la compréhension et l’apprentissage qui en résultent.
Deux points de vue coexistent et sont conjugables :
L’un consiste à faire manipuler, à rendre les élèves visiblement actifs pour qu’ils apprennent.
L’autre s’emploie à les faire réfléchir, élaborer et à stimuler leur activité mentale.
Différentes questions en découlent :
Une mise en activité des élèves peut-elle être purement mentale ?
Les élèves doivent-ils au contraire avant tout manipuler dans des contextes authentiques ?
Bénéficieront-ils plus de la découverte des contenus par eux-mêmes que de leur réception ?
Doivent-ils plutôt reproduire et imiter ce qu’on leur montre ?
Comment envisager une pratique pour qu’elle puisse être efficace ?
Un deuxième apport essentiel des sciences cognitives est que l’engagement comportemental n’est pas une garantie d’un engagement cognitif pertinent :
Un élève peut très bien être actif ou échanger sans s’investir dans un traitement cognitif suffisant et propice à l’apprentissage.
Inversement, l’absence d’engagement comportemental dans une activité ou dans une discussion n’offre aucune certitude sur l’absence d’un traitement cognitif signifiant. Ce traitement cognitif peut très bien être sous-jacent, suivre un processus prédéfini et adapté, et se traduire en un apprentissage efficace.
La faille de la vision progressiste (constructivisme et éducation nouvelle) de l’enseignement est d’assimiler l’apprentissage actif (cognitif) à l’engagement actif (comportemental).
L’idée d’un apprenant qui construit ses apprentissages est un modèle valable. Celle d’un enseignement constructiviste basé sur de la découverte pure est une conception bancale sans certitude d’apprentissage, car elle néglige l’importance de l’existence d’un traitement cognitif efficient.
Les sciences cognitives montrent que pour l’enseignant, l’enjeu est d’assurer la mise en activité cognitive de ses élèves, d’une manière régulière, ciblée, pertinente et puis répétée de manière espacée. Il s’agit notamment de tenir compte des limites de la mémoire de travail et de la différence entre novice et expert. Ces impératifs de la qualité des apprentissages nous amènent à privilégier un enseignement explicite dans un cadre scolaire.