Évaluation formative et dimension constructive de la note
Par définition, l’évaluation formative est dénuée de note chiffrée pure, mais génère une rétroaction explicative qui vise à mettre l’élève sur le chemin du progrès.
L’évaluation formative attire l’attention des élèves sur la maîtrise des tâches plutôt que sur une compétition et sur des comparaisons avec d’autres élèves.
Lorsque les élèves reçoivent à la fois des notes et des commentaires, la première chose qu’ils regardent est, comme nous pouvons nous y attendre, la note. La deuxième chose qu’ils regardent est la note de leurs voisins pour se situer par rapport à eux. Si la comparaison les réconforte, plus besoin de s’inquiéter. Si la comparaison les désole, l’anxiété augmente. Dans les deux cas, l’attention n’est pas réellement disponible pour réfléchir à la manière de remédier immédiatement à la solution, ce sera reporté à la préparation de la prochaine échéance.
Lorsqu’un élève a par exemple 12/20, il peut se focaliser sur ce qu’il a réussi et considérer que c’est gagné. S’il n’y a pas de notes, il devient malaisé de déterminer si c’est un 12/20 ou un 8/20. Son attention est plus facilement accrochée par ce qu’il n’a pas été capable de résoudre et sur la façon d’y remédier. Il se place automatiquement beaucoup plus dans une perspective d’amélioration.
Cet aspect non purement chiffré favorise chez l’élève le développement de certaines compétences émotionnelles comme la conscience de soi, la maîtrise de soi, la prise de recul, l’attention, la persévérance, la coopération ou l’esprit critique.
Le risque d’une note chiffrée pure est qu’elle est avant tout normative. Elle fournit une information brute à l’élève :
A-t-il réussi ? A-t-il raté ?
A-t-il fait une bonne performance par rapport à ses pairs ou non ?
Elle est une forme de validation ou d’invalidation de la conformité de l’élève à de normes, face à sa scolarité, face à ses pairs, face à ses parents.
Si la note est détachée de la rétroaction, elle peut détourner l’attention de cette dernière et peut gagner à être évitée.
Cependant, les enseignants n’ont pas toujours le temps nécessaire pour séparer complètement les dimensions formative et sommative de l’évaluation. Dans la perspective de l’établissement d’apprentissage durable, la mise en place d’un continuum entre évaluation formative et sommative est intéressante. Elle implique d’intégrer la note et la rétroaction dans le cadre d’un alignement curriculaire. C’est le modèle de la note constructive de Raphaël Pasquini (2021). Dans cette logique, la note devient à haute valeur informative, car elle est construite et en rapport direct avec les objectifs d’apprentissage et les critères de réussite.
Deux élèves qui ont la même note chiffrée, par exemple un 13/20 peuvent obtenir des notes constructives très différentes :
Des objectifs différents peuvent être maîtrisés
Des pistes de rétroaction différentes peuvent leur être proposées
En travaillant de cette manière, nous pouvons valider progressivement les apprentissages des élèves plutôt que de mesurer des performances ponctuelles volatiles. L’évaluation se retrouve alors mieux intégrée aux processus d’enseignement et d’apprentissage.