Facteurs liés à l’intégration de l’entremêlement dans des démarches d’enseignement explicite
L’entremêlement est susceptible de générer des bénéfices pour l’apprentissage selon certaines conditions bien spécifique lors de soin intégration à un enseignement explicite.
Favoriser des devoirs entremêlés et une évaluation cumulative
Traditionnellement, la plupart des devoirs n’exigent pas que les élèves qu’ils choisissent une stratégie parmi une large panoplie. Elle est souvent sous-entendue. Ils ne visent souvent qu’à prolonger la pratique autonome sur la matière en cours de manière à favoriser son automatisation.
Cependant, c’est peine perdue si les élèves connaissent les procédures, mais ne savent pas exactement déterminer par eux-mêmes le contexte de son utilisation.
Dès lors, nous gagnons à éviter que dans le cadre d’un devoir les élèves puissent savoir exactement quelle sera la procédure à appliquer avant même d’avoir lu l’énoncé. Nous devons les faire réfléchir.
Un devoir entremêlé est organisé de façon à ce qu’aucun problème consécutif ne nécessite la même stratégie et que leurs énoncés n’indiquent pas de manière explicite celle qu’il faut mobiliser. Cependant, chaque type de problème a déjà été rencontré en classe et maîtrisé par l’élève.
La sélection des différents problèmes entremêlés doit concerner des domaines similaires pour lesquels une capacité de discrimination est nécessaire. Il s’agit d’éviter de possibles confusions lors d’évaluations sommatives futures.
Cette démarche suppose une dimension cumulative de la matière qui doit se retrouver elle-même dans l’évaluation formative et les opportunités de pratique de récupération (quiz ou pratique distribuée).
La pratique de l’entremêlement n’améliorera pas les résultats aux tests qui ne couvrent que les contenus les plus récents. Ainsi les tests non cumulatifs ne sont pas un bon indicateur de la compétence des élèves. Nous devons privilégier les tests cumulatifs et ne pas confondre une performance (à court terme) avec un apprentissage (à long terme) qui est notre réel objectif.
Renforcer la rétroaction
Lorsque nous enseignons en intégrant une pratique entremêlée, il devient plus crucial de faire spontanément des liens entre les différents concepts et procédures, et interroger nos élèves dans ce sens. Nous leur modélisons pourquoi une certaine approche, une règle, une procédure fonctionnent dans un contexte, mais pas dans un autre et quels sont les éléments clés qui déterminent notre choix d’application. La rétroaction et le retour sur erreur deviennent d’autant plus essentiels que nous ajoutons de la complexité avec l’entremêlement.
Les élèves doivent pouvoir vérifier rapidement leurs développements en consultant des solutionnaires détaillés afin de corriger leurs erreurs avant de les apprendre et pouvoir nous poser des questions.
Respecter le rythme d’apprentissage et la charge cognitive
Bien que la recherche sur l’entremêlement montre qu’il est bénéfique d’alterner entre des activités présentant des similitudes pour apprendre à les discriminer, il faut toutefois s’assurer de limiter le nombre de stratégies. Il faut laisser également les élèves pratiquer suffisamment longtemps pour leur permettre de développer des automatismes face à la discrimination elle-même.
Il y a le double risque d’une surcharge cognitive et d’une absence d’automatisation. Ainsi, nous ne devons pas changer trop souvent entre trop de sujets différents. Cela peut semer la confusion chez nos élèves.
De plus, il y a le risque de consacrer trop peu de temps à certaines stratégies. Ainsi avant de pouvoir discriminer efficacement, il faut déjà avoir développé certains automatismes pour les stratégies concernées et les entretenir.
La pratique de l’entremêlement doit également pouvoir se faire au rythme de l’élève, que ce soit de manière autonome ou dans le cadre d’un apprentissage coopératif.