Fonder un climat d’apprentissage en classe où les erreurs ont leur place
Un problème commun en classe est celui d’élèves qui se mettent volontairement en retrait. Ils ne participent pas spontanément. Ils n’osent ou ne souhaitent pas signaler quand ils ne comprennent pas ou lorsqu’ils se sont trompés.
La raison est qu’ils craignent de montrer leur difficulté de manière publique. Ils craignent de paraître stupides, incompétents ou insensés face à leurs camarades. Ce profil d’élève se donnera beaucoup de mal pour éviter de tels étalages en public.
Cette situation est problématique, car l’adoption de ce type d’attitude interfère avec l’engagement et peut sérieusement entraver leurs apprentissages avec un effet cumulatif défavorable au fil du temps qui est une manifestation de l’effet Matthieu.
Nous devons, en tant qu’enseignants, aider ce profil d’élève à surmonter ce type de crainte.
Une première approche est d’agir et d’aller à la rencontre de tous les élèves, de manière indifférenciée ou intentionnelle. Pour cela nous mobilisons à bon escient les stratégies liées à la vérification de la compréhension en enseignement explicite ou à la recherche de preuves d’apprentissage dans le cadre du modèle à cinq stratégies clés de l’évaluation formative.
Une deuxième approche est d’intégrer une réflexion sur le niveau de difficulté et sur la fréquence de l’erreur. Nous devons clairement et publiquement traiter toute erreur comme une partie utile, comme un moteur de l’apprentissage. La recherche semble d’ailleurs indiquer qu’un taux d’erreur de 15 % et par conséquent de 85 % de réussite est optimal dans une phase d’apprentissage (Robert C. Wilson et coll., 2019). Dans tous les cas, les élèves doivent rencontrer un plus grand nombre de réponses correctes plutôt qu’incorrectes pour rester motivés.
Une troisième approche est d’offrir plus de renforcement et plus de soutien aux élèves qui vont rencontrer des difficultés plus particulièrement sous forme d’une rétroaction spécifique, positive en cas de réussite et corrective en cas d’erreur.
Nous devons envoyer comme message à nos élèves que rencontrer des difficultés ou de l’incompréhension est à la fois courant, normal et bénéfique. Certes, cette situation est peut-être frustrante, mais elle fait partie intégrante de la qualité et de l’efficacité du processus d’apprentissage. Ne rencontrer aucun problème pourrait signifier paradoxalement que nous n’apprenons que peu. Rejeter ou ignorer les difficultés ne peut mener qu’à l’impasse.
Le message à faire passer est qu’il est important d’oser affronter ses erreurs et ses difficultés et travailler jusqu’à les surpasser. C’est vouloir tout comprendre pour réellement apprendre. C’est une stratégie d’autorégulation et de métacognition très précieuse à cultiver.
Une manière de dédramatiser est de décrire en tant qu’enseignant les difficultés que nous avons eues nous-mêmes à apprendre une matière ou à développer une compétence. Nous devons insister sur le fait que pour y arriver, la solution a été de fournir beaucoup de travail et d’efforts, mais également de demander de l’aide pour surmonter nos obstacles.
Un autre élément important est d’insister sur le fait que personne ne va se moquer de quelqu’un qui a des difficultés et d’en faire une norme dans la culture d’apprentissage en classe. Tout le monde s’est trouvé et se retrouvera dans cette situation à un moment ou un autre. Cela peut provoquer une prise de conscience chez tous les élèves face au respect à accorder aux difficultés des autres.
Oser se tromper et admettre que nous n’y arrivons pas est la meilleure attitude pour recevoir des commentaires et des conseils qui vont nous permettre de sortir de l’impasse et progresser. Arriver à installer ce type de climat dans une classe est le signe d’une confiance partagée qui est un fondement dans le maintien de relations positives.