Huit stratégies de base pour améliorer les interventions en gestion de classe
N° 1 : Lors d’une intervention auprès d’un élève perturbateur, nous ne lui posons pas de questions et nous sommes précis sur le comportement attendu
Nous évitons de poser une question ouverte et nous indiquons plutôt à l’élève ce que nous voulons qu’il fasse plutôt que ce qu’il doit cesser de faire.
Dans les deux cas, poser une question ou notifier le comportement à stopper ouvre la porte aux négociations et au refus d’obéir.
Si l’élève ne réagit pas à la demande, la deuxième étape est de proposer un choix : soit adopter le comportement attendu, soit obtenir la sanction en lien avec le comportement perturbateur. Ce choix proposé n’est pas non plus une question, mais une alternative qui lui est proposée.
N° 2 : Laisser un temps de traitement de l’information à l’élève après lui avoir fait une remarque
Lorsqu’un enseignant fait une remarque à un élève, il lui laisse approximativement de trois à cinq secondes à celui-ci pour réagir.
Entretemps, idéalement, l’enseignant renforce positivement le comportement demandé qui est adopté par un autre élève à proximité, ce qui donne un exemple à l’élève perturbateur.
Après ce temps, si l’élève perturbateur a obtempéré et adopte le comportement souhaité, l’enseignant le renforce positivement.
Si l’élève poursuit son comportement perturbateur, l’enseignant passe à l’étape suivante dans le continuum d’intervention.
N° 3 : L’enseignant limite le nombre d’avertissements
Répéter plusieurs fois la même remarque si cela n’a pas d’effet est une perte de temps, affaiblit l’autorité de l’enseignant et crée une habituation de l’élève qui devient moins susceptible de réagir aux remarques.
Deux avertissements sont un nombre suffisant pour éviter :
Toute injustice : peut-être que l’élève n’a pas compris le contenu ou l’importance de la remarque de l’enseignant.
Tout détournement du système : il faut éviter que les élèves pensent avoir droit à de nombreuses remarques avant de risquer la sanction s’ils n’obtempèrent pas.
Au-delà de deux avertissements où l’on invite l’élève à adopter le comportement attendu, s’il n’obtempère pas, l’enseignant passe à une autre intervention dans un continuum. La deuxième intervention ou la troisième peut correspondre à un choix proposé à l’élève : soit adopter le comportement attendu, soit obtenir la sanction en lien avec le comportement perturbateur.
N° 4 : Agir efficacement en cas de récidive de l’élève plus tard dans le cours pour le même comportement perturbateur
Imaginons que l’élève a obtempéré face à la remarque de l’enseignant, mais que vingt minutes plus tard, il recommence avec le même comportement perturbateur. Dans ce cas, il importe que l’enseignant marque une gradation.
L’enseignant utilise la formule : « Tu dois… » en rappelant le comportement attendu.
L’enseignant s’éloigne de l’élève, il renforce positivement quelques élèves à proximité qui expriment le comportement attendu.
Si l’élève obtempère, l’enseignant le renforce positivement, sinon, il passe à l’intervention suivant dans le cadre du continuum d’intervention (proposer un choix).
N° 5 : Faire bon usage de la proximité
Pour des raisons d’impact et de discrétion, lorsqu’une remarque doit être faite à un élève, il faut s’approcher de l’élève. Il s’agit d’obtenir toute son attention et de rendre la plus privée possible.
L’enseignant se trouve à moins d’un mètre de l’élève lorsqu’il lui donne un avertissement concernant son comportement perturbateur. De cette manière, il en optimise l’effet pour l’élève et diminue l’effet distracteur sur les autres élèves.
Lorsque l’enseignant doit intervenir directement pour un élève, il évite de se placer en face à l’élève. Cette position est un message social non verbal de provocation. Au contraire, l’enseignant adopte une position physique en biais avec ce dernier, avec un angle de 45°.
N° 6 : L’enseignant établit un contact visuel avec l’élève perturbateur
Le fait de capturer le regard de l’élève quand on lui fait une remarque permet de s’assurer de bien faire passer le message. La démarche a également pour objet de le couper des interactions sociales avec d’autres élèves dans le cadre de son comportement perturbateur, qui peuvent l’alimenter.
Lorsque l’enseignant s’approche de l’élève perturbateur, il s’assure de capturer son regard avant de lui parler.
Quand il est certain de disposer de son attention, l’enseignant s’adresse à l’élève et s’exprime calmement et posément.
N° 7 : L’enseignant formule ses demandes d’une voix assurée
À tout instant (sauf peut-être en cas de perturbation majeure présentant un danger pour des élèves), l’enseignant utilise un ton neutre, ferme, formel et respectueux.
L’enseignant évitant de s’énerver, de crier, de plaisanter ou de paraître supplier. Il ne laisse pas transparaitre ses émotions.
L’enjeu est d’éviter tout rapport de contrôle ou de coercition. De plus, témoigner d’une charge émotionnelle risque d’amplifier celle de l’élève et l’éloigner de la rationalité.
N° 8 : La technique du disque rayé
Un élève peut contester la remarque qui lui fait l’enseignant à la suite d’un comportement perturbateur. L’enseignant a deux possibilités.
Soit, il poursuit le continuum d’intervention ce qui peut rapidement mener à une escalade avec sanction ou exclusion de classe, ce qui n’est pas toujours justifiable.
Le message à envoyer à un élève est que le cadre de la classe n’est pas un lieu pour la contestation des remarques, mais pour l’apprentissage. Il sera utile de rencontrer l’élève individuellement après le cours.
Mais dans l’immédiat, pour faire entendre raison à l’élève et retrouver rapidement un climat propice à l’enseignement, un enseignant peut activer la technique du disque rayé :
Lorsque l’élève argumente sans cesse, l’enseignant adopte la technique du disque rayé, afin de ne pas embarquer dans un jeu sans fin dont il ne ressortira jamais gagnant.
L’enseignant signale à l’élève, « Je comprends ta frustration, mais, quoi qu’il en soit, la conséquence est… ».
Lorsque l’élève argumente à nouveau, l’enseignant reprend chaque fois la même phrase ou avec des microvariations, jusqu’à l’épuisement des revendications de l’élève concerné.
Il est important que durant tout le processus l’enseignant reste parfaitement calme et impassible, ne montre aucune trace d’agacement et ne réponde jamais directement aux arguments de l’élève.
L’élève cessera inévitablement d’argumenter voyant que son comportement ne mène à rien. Si l’élève s’emporte, il est exclu.
Après le cours, l’enseignant prend un temps d’échange avec l’élève pour lui réexpliquer que le temps de classe n’est pas dédié à la contestation des prises de position de l’enseignant.