La pratique distribuée et sa mise en œuvre en enseignement explicite
L’effet d’espacement est un dénominateur commun qui vient s’intégrer dans de multiples pratiques pédagogiques dont la recherche a prouvé l’efficacité. Il se retrouve dans les quiz, les devoirs, la pratique de récupération, les révisions, l’évaluation formative ou la pratique autonome distribuée. L’enseignement explicite le mobilise de multiples manières dans sa phase de consolidation (modèle P.I.C.).
L’effet d’espacement est inscrit dans l’ADN des approches d’enseignement instructionnistes car elles visent l’établissement d’apprentissages durables. Les enseignants qui s’engagent dans l’enseignement explicite favorisent naturellement la rétention des connaissances en travaillant avec leurs élèves sur l’automatisation, le maintien en mémoire à long terme, la récupération, l’élaboration et le transfert.
L’enseignement explicite se traduit par un état d’esprit visant l’efficacité de l’enseignement et basé sur les données probantes. À ce titre, il pousse à une diversification des approches pour remplir ses objectifs et est à même de fournir un cadre pour optimiser l’effet d’espacement.
La pratique distribuée peut exister sous différents noms : apprentissage espacé, pratique espacée, apprentissage distribué. Elle applique le principe selon lequel la matière enseignée sera apprise plus durablement par les élèves lorsque son apprentissage et sa consolidation sont espacés dans le temps. C’est l’effet d’espacement.
La pratique distribuée est souvent opposée au bachotage. Le bachotage consiste à couvrir la matière en une seule leçon ou une succession linéaire et séquentielle de cours. Typiquement, l’enseignant voit un chapitre entièrement en classe et continue avec le suivant. Ils ne reviennent pas de manière systématique, régulière et organisée au contenu des précédents chapitres.
La pratique distribuée permet d’améliorer le transfert et la généralisation des stratégies de résolution de problèmes en mathématiques ainsi que l’utilisation des règles de grammaire dans un cours de langues. Plus largement, non seulement elle rend les apprentissages plus durables, mais également plus profonds, flexibles et intégrés.
La pratique distribuée rend l’apprentissage plus difficile pour les élèves sur le moment. Elle empêche les informations d’être conservées dans la mémoire de travail ou perpétuellement activées dans leur mémoire à long terme. Elle demande à ce que les informations soient récupérées de la mémoire à long terme après un certain temps. Si ce n’est pas le cas, elles doivent être réapprises. La pratique distribuée correspond de cette manière à une difficulté désirable.
La pratique distribuée peut augmenter la probabilité d’ancrage des connaissances dans les schémas de la mémoire à long terme des élèves. Les enseignants font revenir les élèves sur des concepts, des idées ou des compétences clés de manière espacée dans le temps. Entre ces moments, l’oubli entre en action ou du moins, l’accessibilité des connaissances diminue. En procédant de cette manière, les enseignants peuvent être en mesure d’améliorer la durabilité et la profondeur de l’apprentissage chez leurs élèves.
Les enseignants peuvent appliquer les principes d’espacement à de nombreux aspects de l’enseignement et de l’apprentissage.
Par exemple, l’espacement peut être appliqué en classe à l’enseignement à proprement parler, à la pratique des élèves ou à l’échelonnement de l’évaluation.
Deux formes de pratique espacée peuvent être distinguées :
L’espacement sur plusieurs cours, journées, semaines et mois
L’espacement au sein d’un cours singulier.