La raison d’être de l’évaluation formative
Corriger de production d’élèves et des évaluations, et rédiger des commentaires en retour représentent une des composantes essentielles de la fonction de l’enseignant :
Au cours de l’enseignement, elle permet de valider la progression des élèves vers la maitrise des apprentissages et de rendre l’enseignement adaptatif.
Au terme de l’enseignement, elle permet de valider les apprentissages des élèves.
Cette démarche est essentielle dans la prise en compte des difficultés propres à chaque élève et dans la volonté de le guider au mieux vers la maitrise des objectifs d’apprentissage. La fonction formative prépare la fonction sommative.
L’apprentissage est pour une part fluctuant et imprévisible. La démarche permet une part d’individualisation et de différenciation. En partant de là où en sont les élèves et en adaptant l’enseignement dans ce sens, l’enseignant contribue nettement à leurs apprentissages et à leur réussite.
Comme l’a écrit Carol Tomlinson (2014), chantre de la différenciation, les données issues des évaluations formatives fournissent à l’enseignant une boussole pour planifier l’avenir. Cela concerne la manière dont les différents élèves pourraient accéder au mieux aux concepts et aux connaissances, à travers la sélection par l’enseignant de certains types de tâches en classe et par des devoirs plus personnalisés.
Cependant, les ressources de l’enseignant sont limitées. L’individualisation et la personnalisation des tâches touchent rapidement leurs limites, autant pour l’enseignant que pour les élèves. Elles risquent d’amener à laisser de côté l’expression d’attentes élevées pour tous.
De même, la démarche de l’évaluation formative dans sa dimension correction/rétroaction a elle-même ses limites. Elles apparaissent quand l’évaluation formative est utilisée pour l’enseignant comme une manière de se donner bonne conscience, de se justifier et de remplir son rôle.
On pourrait se dire que les élèves ne pourront que progresser lorsque leur enseignant passe de longues heures à corriger leurs copies et à leur préciser leurs erreurs ce qu’ils doivent faire pour réussir. Là où le bât blesse, c’est au niveau de l’autonomie des élèves. Encore faut-il être certain que les élèves prennent toujours les corrections et la rétroaction en considération !
Les tâches formatives sont également une façon de reconnaître aux élèves le droit à l’erreur et de susciter des démarches métacognitives chez eux.
Arrêter les démarches d’évaluation formative serait un non-sens. Les rendre efficaces en les intégrant à un enseignement adaptatif est une priorité. Chaque fois que la dimension formative est activée, elle doit pouvoir être utilisée par les élèves au service de leur apprentissage :
Si les élèves y répondent avec succès, nous activons l’effet test et ils consolident leurs apprentissages.
S’ils échouent, nous nous assurons qu’ils s’engageront des tâches et des actions qui leur permettront de progresser.
L’évaluation formative doit être au service de l’enseignant pour soutenir l’apprentissage de tous ses élèves et assurer des attentes élevées. Cela n’exclut pas non les démarches d’auto-évaluation des élèves eux-mêmes, mais leur réussite ne devrait pas en dépendre.