La stratégie de l'élan comportemental
Lorsque nous demandons d’emblée à des élèves peu engagés de faire quelque chose de compliqué, rébarbatif ou ardu directement, nous courrons le risque de faire face à des résistances. Nous pouvons observer un faible taux de mise en activité, ce qui est compliqué à gérer par la suite.
Il existe une piste pour minimiser le risque de voir apparaitre de telles situations. La science du comportement a démontré que nous avons intérêt à demander à quelqu’un de s’engager dans une action difficile après avoir demandé de faire une, deux ou trois actions qui sont faciles à réaliser. Par ce biais, nous augmentons la probabilité que l’action difficile soit acceptée.
L’élan comportemental consiste à utiliser l’élan de tâches ou de demandes plus faciles préalable à une demande plus difficile. L’enjeu est de créer une énergie, une dynamique ou un mouvement permettant de se conformer à la demande ou à l’activité suivante, plus difficile.
L’ordre des demandes augmente la probabilité que la plus difficile soit accomplie.
Cette stratégie peut être utilisée lorsque les élèves s’engagent positivement dans certaines tâches, mais ont des difficultés à se conformer à des demandes de tâches spécifiques. L’élan comportemental consiste à faire accomplir à l’élève une courte série de tâches qu’il a une forte probabilité d’accomplir. Ce sont des tâches que l’enseignant a déjà vu l’élève accomplir avec succès dans le passé, avec un niveau élevé de conformité.
L’enseignant demande à l’élève de faire deux ou trois des tâches à forte probabilité, tout en lui fournissant un renforcement pour l’accomplissement de chacune de ces tâches. À ce moment-là, l’enseignant demande à l’élève de s’engager dans la tâche la plus difficile à laquelle il est le moins susceptible de se conformer.
L’élan comportemental créé en accomplissant les tâches à forte probabilité augmente la probabilité que l’élève accomplisse la tâche à faible probabilité (c’est-à-dire la plus difficile).
La démarche s’accompagne de renforcement positif. Au fur et à mesure, nous réduisons progressivement le nombre de demandes plus faciles.
Ce processus peut dépendre des élèves et de la situation. Toutefois, un ordre peut être établi à un moment donné pour un élève entre des comportements faciles à adopter pour les élèves et d’autres qui représentent des difficultés réelles pour eux. Il s’agit donc de faire précéder les demandes à faible probabilité par des demandes à haute probabilité.
Cela peut augmenter la probabilité de succès des demandes.
Par exemple, un enseignant peut demander à un élève de distribuer des feuilles, le remercier puis lui demander de se mettre au travail sur des tâches difficiles liées à la matière en cours.
L’élan comportemental peut également être planifié dans le cadre d’un cours. De nombreux enseignants commencent par une révision du travail sous forme d’un quiz avant de s’engager dans une nouvelle matière. Dans une liste de problèmes ou d’exercice à résoudre, commencer par des tâches simples facilite l’engagement dans des tâches plus complexes un peu plus tard. Quand un élève bloque ou procrastine, lui donner des tâches simples comme le fait de prendre de quoi écrire et d’ouvrir son manuel à la page donnée peut faciliter la mise au travail. Cette démarche est plus efficace que de lui dire de commencer à faire des exercices qu’il trouve rébarbatifs.