Le choc de réalité d’un nouvel enseignant peu formé et sans expérience en gestion de groupe
Un enseignement efficace nécessite la mise en œuvre de pratiques fondées sur des données probantes pour gérer efficacement le comportement en classe et promouvoir des taux élevés d’engagement dans l’apprentissage.
Cependant, une proportion importante d’enseignants ne connait pas et n’est pas formée de manière adéquate pour gérer les comportements d’externalisation de leurs élèves.
Beaucoup de nouveaux enseignants se sentent mal préparés à gérer les comportements perturbateurs en classe.
Une enquête nationale aux États-Unis a révélé que les enseignants de tous les niveaux scolaires ressentent des manques au niveau de la gestion de classe. De nombreux enseignants ont déclaré avoir besoin d’une formation plus poussée en matière de gestion du comportement et d’un soutien continu dans les pratiques de gestion de la classe (American Psychological Association, 2006).
Les premières confrontations aux élèves perturbateurs et aux classes dissipées peuvent se révéler être une réelle épreuve pour les enseignants débutants. La recherche évoque un choc de réalité. À un manque de formation en gestion de classe peut s’additionner un manque d’expérience dans la gestion d’un groupe de jeunes. La gestion de la classe peut être la pierre d’achoppement d’un début de carrière d’enseignant.
Cela peut entrainer un effondrement des idéaux ou des attentes développés pendant la formation initiale ou antérieurement, à la suite de la première confrontation d’un enseignant avec la réalité de la classe.
D’inévitables imprévus propres au contexte humain et inhérents à la réalité de la gestion de classe peuvent exiger que les enseignants procèdent à des ajustements le plus rapidement possible, si leur prévention n’a pas suffi.
Ces ajustements face aux problèmes rencontrés qu’effectuent des enseignants débutants sont souvent établis intuitivement sur base de leurs propres observations subjectives. Ils peuvent bénéficier de conseils bienveillants (mais parfois fermes et catégoriques) de collègues certes expérimentés, mais qui eux profitent d’une réputation déjà installée et ne font plus face aux mêmes situations.
Des plus, ces collègues expérimentés n’ont parfois pas complètement conscience de tout ce qu’ils mettent en place de manière routinière dans leur gestion de classe. Ils peinent à le verbaliser clairement. C’est pour ces raisons qu’une observation en classe d’un collègue expérimenté aura toujours plus de valeur et d’impact que la simple réception de conseils même avisés.
À tout ceci s’additionne pour le nouvel enseignant une pression à l’emploi, car des soucis de gestion de classe peuvent être une raison de non-reconduction de contrat.
Le danger des intuitions, des conseils d’expérience et du stress qui accompagne fait que les décisions prises à ce moment-là sont rarement étayées par un modèle théorique qui a fait ses preuves.
Si les adaptations dans la gestion de classe tardent trop, sont maladroites ou n’arrivent pas à enrayer une spirale négative, cela peut générer une atmosphère tendue en classe, néfaste à l’apprentissage des élèves. De mauvaises pratiques non intentionnelles de gestion de classe peuvent avoir de graves répercussions sur le rendement scolaire des élèves.
Les effets se ressentent également au niveau du bien-être de l’enseignant. Cela peut se traduire à moyen et long terme par un épuisement professionnel, à la suite d’une exposition répétée et prolongée à des facteurs de stress et de tension. Les difficultés liées à la gestion de la discipline sont également une cause commune d’abandon de la profession.
Dans un second temps, l’enseignant insatisfait peut se rabattre sur des lectures ou une formation continuée qui certes offrent plus de recul, mais ces sources extérieures ne sont pas toujours fondées sur des données probantes.