L’enjeu de la récupération pour l’apprentissage
L’apprentissage peut être défini comme le fait d’acquérir de nouvelles connaissances dans notre mémoire à long terme, celles-ci seront reliées à des connaissances préalables et intégrées au sein de schémas cognitifs.
Comme le notent Karpicke et Grimaldi (2012), cette définition ne rend compte que d’une des deux facettes de l’apprentissage, c’est l’idée de stocker en mémoire à long terme des connaissances. Elle néglige l’autre facette qui dans les faits est sans doute cruciale encore. C’est la capacité d’utiliser nos expériences passées au service du présent par l’intermédiaire de la récupération.
Si une personne a appris quelque chose, cela signifie qu’elle est capable d’utiliser les informations disponibles dans un contexte particulier dans lequel sont disponibles certains indices de récupération. Elle peut reconstruire ses connaissances afin de répondre aux exigences de l’activité actuelle.
L’apprentissage est donc plus que l’encodage et le stockage de connaissances à partir d’expériences. L’apprentissage peut être vu comme l’interaction entre les indices de récupération dans le présent et nos connaissances mémorisées.
Les processus de récupération sont impliqués dès que des connaissances sont exprimées. C’est le cas pour donner la réponse d’une question factuelle, expliquer un concept, faire une inférence, résoudre un problème, faire preuve d’esprit critique ou être même créatif. Toutes ces situations impliquent une forme de récupération.
Par conséquent, il n’est pas réellement possible de considérer l’apprentissage en dehors d’un processus de récupération. La récupération est dès lors le processus clé pour comprendre l’apprentissage.
Les individus ne stockent pas des copies d’expériences passées et ne les reproduisent pas mot pour mot dans le détail au moment de la récupération. Ils les reconstruisent activement, ce qui peut entraîner des erreurs. De plus, les connaissances exprimées et récupérables par une personne à un moment donné peuvent varier considérablement en fonction des indices de récupération disponibles dans un contexte particulier. Elles seront différentes dans un autre contexte.
Nous ne pouvons jamais examiner directement ce que les élèves ont encodé, construit et stocké à partir des expériences d’apprentissage que nous leur permettons de rencontrer dans le cadre de l’enseignement. Il n’y a aucun moyen de créer un vide mental et d’examiner les connaissances construites en dehors de conditions de récupération spécifiques. Nous ne pouvons qu’examiner ce que les élèves sont capables de récupérer et de reconstruire dans un contexte de récupération donné avec des indices de récupération particuliers.
Pour ces raisons, il est essentiel de comprendre la récupération pour comprendre l’apprentissage et la manière de l’optimiser. La récupération n’est pas seulement une évaluation neutre des connaissances d’un apprenant. L’acte de récupération lui-même produit et renforce l’apprentissage.
La récupération n’est jamais une évaluation neutre du contenu de la mémoire à long terme. La récupération est le processus clé pour comprendre et promouvoir l’apprentissage. Malheureusement, de nombreux élèves et enseignants n’ont pas de conscience métacognitive approfondie des avantages de la récupération active.