L’importance de l’expression d’attentes élevées à travers la rétroaction
Un enseignant peut féliciter un élève en lui disant « Tu excelles ! » ou « Tu es intelligent/capable ! », après que l’élève a terminé une tâche facile ou lorsqu’il a répondu rapidement à une question relativement simple. Il risque à ce moment-là, par inadvertance, d’encourager l’élève à associer l’intelligence avec la rapidité, l’aisance et la facilité.
Ces associations deviennent problématiques lorsque les élèves devront plus tard faire face à des matières ou exercices plus complexes et qui demandent plus de temps, d’effort ou des approches différentes.
Il y a lieu d’être particulièrement prudent dans les félicitations. L’enseignant doit s’assurer qu’elles sont bien liées à une performance spécifique qui est le résultat d’efforts fournis et consentis, et de la mobilisation de stratégies exercées délibérément et maîtrisées.
Il importe qu’il y ait une relation entre effort et résultat. En effet, des signaux indirects d’encouragement subtils relatifs à des compétences médiocres, qui privilégient l’effort au résultat peuvent être malencontreusement envoyés par les enseignants. Cela a lieu spécialement lorsqu’ils essaient de protéger la confiance en soi d’un élève en échec scolaire. Ils peuvent laisser transparaitre à l’élève que l’enseignant a de faibles attentes à son égard.
Féliciter un élève d’avoir réussi un devoir relativement facile peut ne pas avoir l’effet rassurant ou encourageant désiré. En effet, ces louanges peuvent diminuer la motivation parce que cela suppose que l’élève n’a pas les capacités pour réussir un devoir plus difficile.
Pour véhiculer et entretenir des attentes élevées, l’enseignant s’assure qu’ :
Il donne des tâches complexes et exigeantes, mais bien calibrées à un investissement qui reste à la portée des élèves.
Il habitue ses élèves à des situations où ils relèvent des défis qui nécessitent des efforts dirigés, prolongés et entretenus.
Il se place alors dans une situation favorable où il peut être vigilant pour débusquer toutes attitude ou démarche minimaliste de l’élève.
Il enseigne explicitement les stratégies attendues et renforce positivement et spécifiquement les attitudes et les comportements qui les accompagnent.
Il reconnait le droit de l’élève à l’erreur :
Il montre qu’il peut avoir besoin de plus de temps et de plus de pratique.
L’enseignant communique le message que fournir des efforts est la clé pour amener à accéder à la maîtrise.
À aucun moment, il ne semble douter des capacités d’un élève à y arriver.
Grâce à ces démarches soutenues, les élèves développent leurs capacités de persévérance. Lorsque l’élève aboutit à la réussite et à la maîtrise attendue, cela l’incite à réitérer la démarche et à l’internaliser, ce qui l’inscrit dans une démarche générale de progrès personnels.
Chaque fois, la critique doit être constructive face à un échec, qui reste une issue possible dans le dispositif. De cette manière, les élèves auront davantage tendance à attribuer leurs mauvais résultats à un manque d’effort ou à l’usage de stratégies inadéquates.
Les élèves feront confiance aux enseignants qui leur disent qu’ils feront mieux à l’avenir et leur prodiguent des conseils concrets et leur proposent des stratégies à appliquer. Ce faisant, l’enseignant utilise son expertise pour permettre à ses élèves de progresser.
Tout ce dispositif rentre dans une logique de réciprocité entre l’enseignant et ses élèves. L’enseignant offre son soutien et l’élève fournit des efforts en rapports.
Sans cela, il y a des risques si un élève reçoit de l’aide sans l’avoir demandée. Il y en a aussi s’il n’en ressent pas le besoin ou lorsqu’il perçoit un encouragement compatissant de la part d’un enseignant à la suite d’un échec. Ce sera surtout lorsque les autres élèves n’en reçoivent pas. Le soutien est fonction des besoins d’apprentissage et s’applique à tout élève indifféremment en fonction de sa situation.
Lorsqu’un élève se sent singularisé, cela pourra être interprété comme des signaux indirects et subtils, révélateurs des faibles attentes que l’enseignant a pour eux. À ce titre, l’élève en difficulté est toujours une priorité pour une rétroaction efficace. C’est auprès de lui que l’efficacité et l’expertise de l’enseignant sont fondamentales pour fournir l’étayage qui va lui permettre de rattraper ses retards.