Lorsque la consolidation est négligée dans un enseignement explicite
L’enseignement se veut en règle générale condensé et compact. Souvent pressés par l’ampleur de leurs programmes, les enseignants préfèrent voir chapitre par chapitre, car c’est une façon claire et structurée de fonctionner.
Chaque chapitre comprend un ensemble cohérent et interconnecté de concepts. Durant l’enseignement d’une année dans le secondaire, l’ordre de bon nombre de chapitres dans un cours peut être aléatoire, seul un certain nombre d’entre eux sont dépendants chronologiquement parce qu’ils introduisent des prérequis.
Pour bon nombre d’élèves et d’enseignants, le fait de répéter et de revenir sur certaines matières déjà vues précédemment est considéré comme ennuyeux, inutile. Cela peut être assimilé à un gaspillage de temps.
Arguant d’un manque de temps, il est facile pour les enseignants de s’économiser ces moments de rappel, de révision. En effet, si nous considérons l’instant présent uniquement, il semble plus pertinent de consacrer celui-ci à l’approfondissement des apprentissages en cours, à la performance face à ceux-ci.
Pour autant, est-ce que cela se traduit par un gain d’apprentissage à long terme pour les élèves ? Nous pouvons en douter. Il s’agit plutôt d’une erreur fondamentale qui laisse de côté un furieux paramètre : l’oubli.
Un enseignant peut très bien adopter un enseignement explicite dans cette logique, et laisser de côté la dimension de la consolidation. Il rencontrera certes une efficacité à court terme, mais à moyen et à long terme, sa valeur ajoutée s’évanouira comme neige au soleil.
Le nez dans le guidon, préoccupés à terminer leurs programmes, trop peu d’enseignants s’emploient à favoriser la rétention à long terme. Quand une unité est terminée, c’est fini, et ils passent à la suivante.
Cependant, si les élèves ne retiennent pas ce qu’ils ont appris, tout leur dur labeur, leurs efforts n’ont servi à rien ou à pas grand-chose. Quand les élèves s’en rendent compte, ils en viennent à croire que l’école, où les connaissances elles-mêmes ne servent à rien.
Pourtant, il n’y a rien d’inéluctable. Tout dépend de l’enseignant et de la façon dont celui-ci module et espace les activités d’apprentissage. La prise en compte de la consolidation est essentielle dans le cadre d’un enseignement explicite.