L’utilité d’une approche intégrée de l’évaluation formative et sommative
La distinction entre évaluation formative et sommative est clairement définie théoriquement. Toutefois, lorsque l’on s’intéresse à la réalité des classes, elle tend à s’estomper. Une évaluation peut souvent remplir ces deux rôles à la fois.
Régulièrement, les enseignants ne font pas de distinction marquée entre ces fonctions de l’évaluation. Les enseignants évoluent dans un contexte où la forme dominante de l’évaluation reste la note avec ses enjeux forts. À côté de l’enseignement et du soutien à l’apprentissage, les enseignants remplissent également un rôle de certification avec ses corolaires que sont le classement, la sélection ou l’orientation des élèves.
Les enseignants ont beaucoup de contenus à enseigner en peu de temps et en évaluent les apprentissages qui en résultent. Le temps est souvent une contrainte pour explorer distinctement les dimensions formatives et sommatives de l’évaluation.
Dès lors, il apparait que les deux seules catégories formative et sommative peuvent être réductrices pour rendre compte de la pluralité des buts et des fonctions de l’évaluation (Mottier Lopez, 2023).
L’alternative serait de concevoir des approches plus intégrée, caractérisées par la finalité éducative visée. Cette vision intégrée, rapproche l’évaluation formative de certains aspects de l’évaluation sommative plutôt que de les opposer. L’accent se retrouve mis sur une évaluation soutien d’apprentissage.
Cette approche parait plus porteuse pour la pratique de l’évaluation au quotidien dans les classes.
Le concept d’une évaluation soutien d’apprentissage (assessment for learning)
Depuis la définition classique de l’évaluation formative par Bloom, différentes recherches se sont inscrites dans la lignée d’une vision élargie de l’évaluation formative, dont voici une synthèse (Fagnant, 2023, d’après Allal & Mottier Lopez, 2005).
Trois points sont à mettre en évidence dans cette vision élargie :
L’évaluation formative ne se limite pas à des évaluations formelles ou instrumentées (tests, contrôles).
Elle comprend également des évaluations informelles. Ce sont notamment des observations des démarches des élèves, le dialogue formatif, les procédures de vérification de la compréhension en classe, de la pratique de récupération, de l’autoévaluation ou des interactions entre élèves au sein de groupes.
L’évaluation formative permet une démarche proactive.
Par-là, elle n’est plus le déclencheur d’une remédiation, mais amène une différenciation dans les tâches proposées en classe ou attribuées aux élèves dans leur travail à domicile. Les ajustements concernent l’ensemble des élèves.
L’évaluation formative est associée à un processus de rétroaction.
Cette rétroaction permet une régulation qui concerne à la fois l’enseignant et l’élève.
Toutefois, les élèves ne peuvent se réguler eux-mêmes que quand ils se saisissent des interventions ou de la rétroaction de l’enseignant et en tirent parti. La régulation implique nécessairement l’élève et l’enseignant.
Les deux fonctions — formative et sommative — de l’évaluation sont interreliées. Il parait artificiel de vouloir les distinguer. Les évaluations sommatives peuvent aussi informer les enseignants sur les acquis, les difficultés des élèves et les amener à cerner les besoins des élèves et à différencier leur enseignement.